Mon psychiatre avait noté que j’avais eu ce symptôme dans le compte rendu de consultation, je le sais car mon précédent psychiatre m’avait lu ce compte rendu, il faut avouer que ce terme de « rationalisme morbide » m’avait blessé, car j’ai eu peur de passer pour un fou.
… et pour montrer que je savais que mon comportement n’était pas forcément normal mais que j’en avais conscience et donc que c’était pas si grave que ça finalement puisque j’en avais conscience (car je redoutais qu’on me juge négativement comme un fou de faire des choses bizarres, sans en avoir conscience). J’essayais de comprendre dans quel cas les comportements sont normaux ou non, pour me rassurer un peu, car au fond je me questionnais, je ressentais fortement que mes idées ou mon questionnement étaient entre guillemet illégaux, débiles, anormales. Que je sois mal vu. Et c’est ça, à ce moment, qui m’a poussé à avoir cette réponse étrange expliquant pourquoi j’avais eu cette réaction avant, cette réponse étant passée pour un rationalisme morbide auprès de mon psychiatre.
Je donne un exemple qui n’est pas vraiment une de ces idées bizarres me poussant à agir bizarrement que j’ai eu, mais ça aurait pu l’être:
Je me souviens que durant une petite conversation avec une fille attendant dans la queue à un supermarché, j’ai demandé cette fille, où elle travaillait dans ce petit village, elle a alors détourné la conversation ne voulant me répondre (il m’arrive souvent de parler quelques secondes à des inconnus parlant du temps ou des courses qu’on est en train de faire, dans la queue ou dans nombreuses situations, j’aime bien discuter, les gens en général me répondent et semblent apprécier).
J’ai imaginé bêtement qu’elle voulait pas que je connaisse son lieu de travail soit parce qu’elle faisait de la prostitution à domicile, soit parce qu’elle ne voulait donner une information trop personnelle lui permettant de la retrouver alors qu’elle venait juste de me rencontrer… Jusqu’à là ce genre d’idée est sensée, même si j’imagine il est peu probable qu’elle se prostitue.
Mais une idée bizarre suivi d’un comportement bizarre chez moi aurait pu être celui ci: J’aurais pu avoir l’intuition forte qu’elle était bien prostituée et que c’est pour ça qu’elle ne voulait pas me dire où elle travaille (ce qui pouvait arriver les périodes où j’allais mal et que j’avais des idées bizarres), je me serais mis en tête cette idée, agissant suivant ce principe tout le reste de la conversation. Du coup, par exemple si l’ami avec qui j’étais durant cette attente à la queue m’avait dit: « au fait les filles qui se prostituent sur le bord de la route à Perpignan se comportent mal comme toutes les prostituées du coin que j’ai vu », j’aurais été amené à penser que ça a pu blesser la fille qui fait la queue avec nous avec qui j’ai discuté, parce que justement elle se prostitue (c’est dur à expliquer mais dans ces situations là, bien que je saches que c’est pas sûr qu’elle se prostitue, j’avais tendance à penser et donc agir comme si ma croyance sur sa prostitution était vraie, au cas où elle soit vraie) du coup j’aurai pu répondre outré une phrase du genre : »Enfin! il ne faut pas dire du mal des prostituées des alentours, c’est mal de dire ça, les prostituées peuvent être des filles bien ».. pour rassurer la fille dans la queue dont j’aurais pensé qu’elle se prostituait… Donc, suite à une idée que je me fait, une interprétation particulière de ce que j’ai vu, je vais avoir une phrase un peu décalée dont on ne comprendra pas forcément pourquoi j’ai dit ça sur ce ton. Et je pense que c’est souvent ce genre d’idée, d’intuition qui m’ont par moment poussé à dire des trucs à côté de la plaque, mais dont moi j’avais une vraie raison de les dire.
J’aurais agit ainsi aussi parce que je sentais que c’était idiot de penser ça.
Également, J’aurais donné une autre raison que la vraie raison de ma réaction, car j’aurais considéré la raison comme évidente (ici il était évident pour moi qu’elle était certainement prostituée, donc quelque part ça ne servait à rien de le dire), et aussi parce qu’à ces périodes l’esprit est envahi d’idées et il est difficile d’y voir clair.