Rires immotivés

photo du joker qui force son sourire avec ses doigts
Le rire fou du Joker, (je ne suis pas l'auteur de cette image).

Je me souviens que durant la période du collège, ça m’arrivait très souvent d’être dans des situations où je riais tout seul, où j’imagine qu’un médecin psychiatre aurait pu dire que j’avais des rires immotivés.

J’avais peur d’avoir l’air très con et qu’on me prenne pour un fou, mais chaque fois une idée folle me faisait péter de rire.

Je me souviens d’un épisode particulier où comme les autres épisodes, je n’arrivais pas à me retenir de rire, sans que je puisse expliquer aux autres la raisons de ce qui me faisait rire, car c’était honteux dans mon idée de penser à ça:

dessin d'un singe au crayon à papier
Nous sommes les seuls animaux à savoir rire, pourquoi? peut-être car ça permet d'échapper de temps en temps à un stress dû à trop penser à toujours la même chose et de voir les choses d'un autre point de vue dans ces moments?

C’était au poney club, vers l’âge de 14-15 ans, chaque fois avant qu’on fasse la séance d’équitation, on devait chercher son cheval, le brosser, le préparer et lui mettre la selle, et cette fois là, je pensais au sketch des nuls où Alain Chabat fait la pub pour tonyglandine, ma bip c’est du béton! Je me passais en boucle dans ma tête cette scène et pendant 20 minutes, durant toute la préparation du cheval j’éclatais de rire de temps en temps en essayant de rester discret car je sentais que j’allais passer pour un fou, et ça me dérangeait franchement de passer pour un fou.

Je pense ce qui se passait dans ma tête était une hypersensibilité à sentir certaines choses comme drôle, ici la présence d’Alain Chabat qui dit sa connerie l’air sérieux! 🙂

Egalement comme mon esprit a tendance à rester bloqué sur certaines situations comme je l’explique dans un autre chapitre, ici je restais bloqué sur la situation de ce sketch. Enfin j’avais très honte de penser à ça, car je me disais que dans le poney club, avec ces gens qui me semblent entre guillemet un peu chic, ça aurait été inacceptable, honteux, inimaginable, que quelqu’un pense à tonyglandine, ma bip c’est du béton! Cette honte aussi participait à ma gène et au fait que ça me faisait rire. Aussi, à cause de cette honte de ces pensées, les gens qui m’auraient questionné sur pourquoi je riais n’auraient pas eu la réponse clair de ma vraie raison, mais j’aurais plutôt divaguer: « non mais c’est rien, c’est un truc idiot » et j’aurais tout fait pour ne pas répondre, ayant peur qu’il découvre que je pensais à tonyglandine!

Les patients veulent se traiter en général, mais le traitement est lourd ce qui pousse à l’arrêter, et parfois ils peuvent croire être guéris donc l’arrêter

Les patients ne veulent pas se traiter: du moins pour moi, c’était clairement faux car ça entraînait de l’anxiété, et bien que parfois le délire convainc les personnes qu’il est bien qu’elles continuent avec ces idées, je pense que la plus part du temps le délire est plus vécu comme quelque chose à éliminer de l’esprit, car troublant le bon jugement plutôt que l’améliorant. Je crois que souvent les gens n’aiment pas avoir des idées paranoïdes (la peur d’être persécuté de manière non justifiée).

Après dans cette situation c’est complétement normal d’essayer d’arrêter le traitement surtout au début si on croit qu’on est guéri, ou de le diminuer, car les antipsychotiques de seconde générations sont quand même une vraie saloperie pour la santé…

… font souvent débander, peuvent donner des tics, font souvent dormir, peuvent d’une certaine manière rendre la concentration difficile, favorisent le diabète, les maladies cardiovasculaires, et peut être favorise aussi un peu les cancer parce que ça rend obèse, vu que l’obésité est associé à plus de cancer.

Donc avant de juger un patient qui arrête ou diminue son traitement, essayez de comprendre pourquoi il fait ça, il est possible qu’il n’ait pas d’aspect critique de son délire, mais ce n’est pas sûr du tout que ce soit ça la cause.

Il peut être amené à penser qu’il est guéri, qu’il n’a pas vraiment une schizophrénie mais qu’il avait autre chose (après tout il n’est pas médecin et ne connaît pas la définition de la schizophrénie donc il n’est pas forcément sûr qu’il a une schizophrénie dont aujourd’hui on ne guérit pas vraiment, il peut espérer avoir une autre pathologie moins grave).

Si en plus son traitement marche pas très fort (ce qui peut arriver durant les premiers mois parfois) et que lors de ses périodes hors crise il allait pas trop mal, alors on peut comprendre d’autant plus qu’il tente d’arrêter le traitement.

Après il faut juger d’après le passé du patient si il est urgent ou moins urgent qu’il reprenne son traitement. Par exemple, pour mon cas j’ai essayé une fois d’arrêter le traitement car j’essayais des compléments alimentaires connus pour avoir une efficacité dans la schizophrénie, bien que je crois vraiment qu’ils ont une certaines efficacité, elle n’est pas suffisante pour arrêter le traitement, mais ils aident. Il n’y avait pas d’urgence absolue à ce que je reprenne un traitement, en effet par le passé, je n’ai jamais fait n’importe quoi ou je n’ai jamais fait d’action dangereuse contre moi même ou les autres bien que je sois resté très longtemps sans traitement.

Les cours sur la psychiatrie dans ma faculté étaient mauvais

dessin de figure en 3d composé de plusieurs rectangles qui se tiennent dans l'espace
Vous, étudiants en santé, êtes en train de construire dans votre esprit les concepts sur les maladies, les agencer, en comprendre les tenants et aboutissants pour au final savoir soigner les gens. Je trouve qu'on ne vous guide pas assez clairement dans cette acquisition.

Durant mes études de médecine, dans une des plus réputés faculté de France, on expliquait, je pense, très mal la schizophrénie, donnant l’impression que les patients schizophrène ont le cerveau monté à l’envers! Que les idées qu’ils ressentent sont pas normales, qu’il faut pas chercher à les comprendre car c’est insensé, qu’il doit y avoir quelques chose de foiré dans leur cerveau.

Les cours à la fac donnaient, je trouve, l’impression que pour la schizophrénie et pour les pathologies psychiatriques, que le cerveau du patient réagit de manière totalement aberrante!

Il me semble que dans le milieu médical les impressions, les idées sur les patients schizophrènes sont pires que dans la population en général à cause des cours qui expliquent très mal. Après le fait d’avoir fait un stage dans un service de psychiatrie va généralement aider les soignant à mieux comprendre.

J’avais peur aussi moi même quand je n’étais pas traité qu’il y ait quelque chose de vraiment foiré dans mon cerveau, même si l’idée qu’on me prenne pour un quelqu’un d’insensé me dérangeait beaucoup aussi.

Mais comme je l’ai déjà dit, je pense que cette manière de voir les choses est fausse et que le fonctionnement de base du cerveau est bon, mais que certaines fonctions sont extrêmement exacerbées ou diminuées.

Voici un autre argument pour cette idée: si jamais une idée un peu inquiétante vous venait à l’esprit, comme le fait qu’un avion risquerait de vous tomber dessus et de vous tuer, immédiatement vous relativiseriez le risque, si l’idée vous a inquiété un instant, l’instant suivant vous à permis de vous dire que le risque est très improbable, et l’idée de la mort même si jamais ça arrivait n’est pas si grave.

Par contre si 5 idées inquiétantes vous venaient à l’esprit chaque instant, que je vous redoutiez la mort parce que vous l’imaginez comme un vide froid et inhumain, que vous redoutiez les souffrance provoquant la mort, que vous n’ayez pas le temps de relativiser ces idées inquiétantes qui vous viennent à l’esprit que déjà 5 nouvelles idées inquiétantes sont arrivées à vous, vous seriez psychotiques, pourtant les idées ne sont pas différentes d’un esprit normal mais juste plus intense et plus fréquente que sur un esprit normal.

Aussi il ne faut pas chercher midi à 14h, et il ne faut pas se fier aux rumeurs qui circulent sur telle ou telle pathologie, par exemple pour les anorexiques, bien qu’elles puissent réellement souffrir de nombreux autres symptômes à cote de leur anorexie, je suppose qu’elles ne mangent pas sûrement d’abord parce qu’elles n’ont pas faim. Moi je crois qu’il y a une anomalie biologique qui provoque ça.

Je pense qu’un mécanisme se met en place et provoque le fait qu’elles ont autant faim que quelqu’un qui vient de finir un énorme repas de 800g, alors qu’elles ont le ventre vide. C’est pourquoi elles sont dégoûtées de la bouffe. Quel mécanisme provoque qu’elles n’ont pas faim? c’est une vraie question à se poser, je crois que des scientifiques avaient mis en avant que des bactéries dans l’intestin créent un molécule proche de l’hormone de satiété, c’est par exemple une idée à explorer, et que peut être lorsque la boulimie se déclenche, c’est parce qu’il y a une réaction auto immune contre ces molécules qui, au final, bloquent l’hormone de la satiété et provoque ainsi une grande faim.

Je crois que parfois les filles anorexique veulent se faire maigrir encore plus car elles se trouvent trop grosses, attention en tant que médecin à ne pas généraliser forcément, toutes les patientes (et patients même si c’est plus rare pour les hommes) ne ressentent forcément cela, ou du moins, elles peuvent avoir conscience que c’est un ressenti exagéré et que c’est dangereux pour leur vie.

J’ai déjà vu des médecins être persuadé que ces patientes veulent maigrir pour être belle car la rumeur dit que les anorexiques pensent ainsi, alors qu’elles même témoignent que ce n’est pas le cas, et bien que je ne puisse pas lire dans la pensées des patients, je pense que ce n’était pas le cas. Une amie à moi ayant eu de l’anorexie et étant médecin m’a donné l’impression dans son témoignage que quand elle était hospitalisé adolescente pour son anorexie, les médecins semblaient persuadés qu’elle voulait maigrir, alors qu’aujourd’hui elle me dit qu’elle ne voulait pas maigrir mais qu’elle avait énormément de difficultés à manger… Je crois que si on veut avoir le point de vue exacte de patients ayant certaines maladies, il faut se pencher sur des témoignages de ces patients mais quand ils vont mieux, et non sur les rumeurs qui circulent dans le milieu médical. Il ne faut pas mépriser ces patients et les prendre pour des idiots comme je l’ai déjà vu faire par des médecins, ou leur imposer l’idée qu’ils ont des idées qu’ils n’ont pas.

Effectivement comprendre le ressenti des patients n’est pas évident du tout. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas évident qu’il ne faut pas essayer.

Je pense que le mieux pour que les médecins comprennent le ressenti des patients, si c’est un sujet qui intéresse le médecin, c’est de se baser sur les témoignages des patients ainsi que sur la parole des pair aidant.

Soyez prudent et essayez de ne pas révéler une des pensées du patient dont il a honte. Mais je pense qu’il est important de tenter de comprendre le patient et de communiquer avec lui sur son ressenti, si il le veut bien et que le traitement qu’il prend lui diminue suffisamment son délire (ce qui est le cas de quasiment tout les schizophrènes sous traitement).

Dessins de plusieurs figures géométrique en 3D sur un plan oblique, un ressort, un cadre rectangulaire, une voûte dans une église etc.
Il peut être difficile de comprendre les idées qui nous passent en tête, de les classer, de les décrire.

C’est normal qu’il soit difficile de comprendre les patients car il est très dur de ressentir chez quelqu’un d’autres ce dont on n’a jamais ressenti.

C’est également difficile de comprendre les patients, parce que, je crois, il y a une espèce de crainte du patient dans pas mal de pathologie à dire ce qu’il ressent car il peut avoir honte de ses idées, comme par exemple quand j’avais honte d’être fou.

Ou bien il n’arrive pas à s’expliquer à lui même et donc aux autres, ce qu’il ressent, par manque de capacité d’introspection ou par un ensemble d’idées qui lui envahissent l’esprit et l’empêche de se comprendre. Du coup cela rend la compréhension de ce que ressent le patient difficile.

Par exemple pour moi, je redoutais de dire que j’étais parano à un médecin car je redoutais d’être enfermé, c’était bien sûr sans traitement.

Je redoutais de raconter les détails de mon mal-être car j’aurai pensé que mes interlocuteurs auraient fini par penser que j’étais complètement malade et dangereux, et l’idée qu’ils me voient comme cela, ne m’aurait jamais quitté.

Aussi les patients peuvent avoir l’impression que ce qu’ils ressentent est évident, que les autres doivent bien savoir, que ça se voit. Pourtant pas forcément. Du coup ils ne vont pas témoigner de ce ressenti là.

Il y a aussi les patients timorés qui mentent dans leur témoignage et qui tordent ce qu’ils ressentent pour cacher aux autres et à soi même ce qu’ils pensent, par honte de ces pensées. C’était mon cas avant le bactrim (un traitement que j’ai essayé et qui je trouve m’a beaucoup aidé).

Aussi il ne faut pas catégoriser mal les patients par leur pathologie. Voici ce que j’ai écrit un jour dans une réponse sur un forum, et c’est comme ça qu’on devrait utiliser les termes psychiatriques pour mieux aider les gens, et non les catégoriser:

Dans le domaine de la psychologie on retrouve dans la majorité des situations, des types de ressentis ou d’idées que d’autre personnes ont et les font souffrir, on regroupe ça sous un nom de maladie, terme qui peut être blessant, comme par exemple trouble bipolaire ou autre. Cependant si le psychologue ou le médecin fait bien son travail ce terme doit aider à mieux comprendre son patient et non a l’identifier comme quelqu’un de pas normal, dont les gens ayant la même pathologie ont tous les mêmes pensées et le même comportement. Les facs devraient dire dans leur cours qu’il ne faut pas catégoriser les gens ainsi, mais plutôt chercher à les comprendre.

Mes petites tensions avec les médecins

C’est vrai que je focalise parfois mes idées sur les médecins, dans ce document vous le verrez, rassurez vous, je ne suis pas complètement dingue non plus :). Il y a plusieurs choses à dire à propos de ça.

Ça me vient sûrement en partie de ma maladie qui fait que je m’inquiète trop pour ça, que je suis trop susceptible et que ça me dérange de ne pas être pris au sérieux quand je raconte un symptôme étrange à un médecin, que je sois pris pour un fou dangereux, ou qu’on ne prenne pas en compte un symptôme qui est important.

une giraffe dans un parc qui mange dans sa gamelle tenue en hauteur
Il ne faut pas se sentir au-dessus des autres en tant que médecin, j'avais eu ce ressenti en pensant que les patients étaient bêtes étant donné qu'ils étaient loin d'avoir pu réussir la première année de médecine, et j'ai cru voir ça dans ce milieu.

En réalité même si sur certains points, nous médecins, on a de meilleurs capacités, les patients peuvent avoir de bons raisonnements, ou même faux parfois, mais il faut chercher à comprendre les patients dans une discussion d'égal à égal où on peut avoir tort de temps en temps, plutôt que dans une démarche de supériorité écrasante.

Aussi car ayant été étudiant en médecine j’ai vu quelques collègues avoir une peur des patients schizophrènes presque insensée, soit, même les prenant pour des sales mabouls dangereux, bien que prendre les schizophrènes pour des sales types était peu répandu chez les médecins, par contre avoir peur des schizophrènes, chez mes connaissances, était assez fréquent et ça je pense que c’est dû aux mauvaises explications qu’on leur a donné sur la schizophrénie et les gens ayant des problèmes psychiatrique en général durant leur étude.

Mais voilà, du coup quand je rencontre un médecin à qui j’apprends que je suis schizophrène, si le contact se passe mal juste après, je suis amené à me poser la question: « est-il en train de me prendre pour un fou dangereux qui va inventer des symptômes dans sa tête » car j’ai déjà vu ça parfois dans le milieu médical, et c’est pénible d’avoir cette impression que plus on lui raconte ses symptômes, moins il nous croit, ce n’est pas le cas avec tout les médecins, et ceux avec qui j’ai cette impression, je ne suis pas sûr que ce soit totalement vrai, mais parfois le contact est tendu.

Cette impression de ne pas être cru, est, il faut l’avouer, aussi un peu trop présente chez moi car je suis trop inquiet à cause de ma maladie, très certainement.

Face au médecin, l’idée que quand je raconte un symptôme bizarre ils me croient pas et me prennent pour un dingue, ça m’inquiète et m’énerve un peu parce que ça veut dire qu’ils me croient pas et qu’ils me croiront pour rien, que j’aurai beau voir d’autres médecins, ça n’aidera pas, c’est la porte ouverte à toutes les inquiétudes que je ne pourrais être bien soigné.

Si jamais ce genre d’impression est présente trop souvent chez moi, que ça devient lourd et inquiétant pour moi, je vais finir par augmenter un peu le traitement.

Ce soir où je retouche ce texte, je me sens serein et je me rend compte que classiquement je culpabilise d’avoir l’impression de ne pas être cru par le médecin, car c’est ça qui crée cette tension avec le médecin, et que du coup, je me dis que je suis responsable de ça, que c’est parce que je suis fou que le contact se passe mal et le médecin ressortira de la consultation avec une mauvaise impression sur moi. Ce soir où je complète un peu ce texte, je me dit que ça me fait chier de tout le temps culpabiliser de tout 🙁 Que j’aimerai bien que mon cerveau me lâche un peu les baskets sur ce sujet 🙂

Il faut reconnaître qu’il y a parfois un peu de vrai dans cette impression, en effet, d’après le ressenti de pas mal de mes amis avec leur médecin, ils témoignent parfois de cela, que parfois le médecin a l’air de penser que leurs symptômes sont dans leurs têtes. Il y a aussi le fait que les amis médecins que je côtoie toujours aujourd’hui sont un peu comme ça, et quand je les rencontre, ça me donne l’impression qu’ils sont tous ainsi, désolé les amis, mais c’est ainsi. Il faut aussi reconnaître que pas mal de médecins sont plus malins que ça, et bien qu’ils ne soient pas sûrs que les anecdotes étranges que je raconte sur ma santé soient réelles, ils les prennent quand même en compte au cas où ce serait réel, c’est le bon comportement à avoir quand on est médecin.

Les médecins qui ont peur que je diminue le traitement qui me signalent: « attention, ça faut pas le diminuer un peu » avec un air paniqué comme s’ils étaient persuadés que j’allais le faire, comme si quand je diminue le traitement j’allais basculer dans un monde sans logiques où je ne comprends pas qu’il faut que je prenne le traitement, cela est aussi un truc un peu pénible (j’ai vraiment l’impression que mon ancienne généraliste était ainsi). Comme si la soit disant anosognosie de la schizophrénie allait me faire arrêter tout traitement du jour au lendemain alors que le traitement soulage mes inquiétudes, mon profond mal être et ma parano dont je peux avoir peur qu’elle me pousse à faire des choses bêtes ou à m’énerver trop dans des situations inappropriées, non, moi je n’arrêterai pas définitivement mon traitement, il me semble que c’est la cas de la grande majorité des schizophrènes.

Un patient qui diminue son traitement, ne va pas, à mon avis, basculer dans un monde insensé où, après, il ne voudra plus jamais reprendre son traitement. Très certainement si ça va mal à nouveau, il reprendra son traitement.

Cependant je rajoute une précision importante, une personne atteinte de schizophrénie m’a dit qu’il était persuadé de la véracité de son délire lors de ses premières crises, je ne saurai pas vous dire quelle proportion des personnes schizophrènes a conscience ou non de ses délires et surtout veulent ne plus les avoir, je sais qu’il existe un continuum dans la schizophrène entre ces deux extrêmes, et je crois qu’au début de la schizophrénie, il est fréquent d’adhérer au délire.

Comme je l’ai déjà dis dans un précédent chapitre, la psychose n’est pas quelque chose de complètement anormale où la logique aurait disparu, même si les idées qu’ils se font sont parfois très décalé de ce qui se voit habituellement et que l’intensité de l’intuition dans le délire peut rendre très sur les nerfs et très difficile à persuader.

De mon point de vue la schizophrénie n’est qu’un dérèglement des neurones, amenant des fonctions normales du cerveau à être exacerbées ou diminuées de manière intense

Un autre point important (c’est mon avis, mais avec l’analyse que je fais de mes pensées passées, je pense que c’est juste)…

les schizophrènes ne sont pas insensés, je pense que le cerveau, les circuits, le positionnement et l’agencement des neurones est normal, que les fonctions qui sont utiles pour raisonner sont normales, c’est juste que certaines fonctions sont extrêmement sur activées ou sous activées, amenant le comportement et les parole de la personnes à paraître insensées.
tout un tas de tour d'église et d'ancien minaret à Séville
Aucun intérêt à cette image, juste embellir le site 🙂

Je prend un exemple: toute personne (ou presque) se faisant harceler réellement intensément par son patron, ses camarades de classe, ses collègues, finira par voir de la persécution partout, aura l’impression que cette persécution ne s’arrêtera jamais, aura envie de se venger, et verra une attaque sournoise dans la moindre action de son chef, de ses collègues, etc..

Dans la schizophrénie où souvent il y a des idées de persécution, je pense que les fonctions, les réseaux de neurones qui s’activent que quand il y a très très certainement une vraie persécution, ici s’active pour juste une idée qui passe en tête.

Donc ces idées de persécution n’arrivent que quand la personnes est longuement et intensément harcelée en temps normal (d’ailleurs ce sentiment a une utilité, il pousse la personne persécutée à péter un plomb, à s’énerver franchement contre ses bourreaux, ce qui pourra leur faire peur et arranger la situation, ou à fuir cette situation si néfaste).

C’est sûrement l’évolution des espèces qui nous a programmé ainsi pour qu’on se sauve. En effet quand on est harcelé au travail, qu’ainsi on n’avance pas dans notre vie , qu’ainsi on est tout le temps stressé, en colère, qu’ainsi on fait une dépression et on perd de l’argent, et aussi parce que ça peut nous empêcher de prendre les bonnes décisions dans nos vie, tout ça, en moyenne, va sûrement diminuer nos chance d’avoir une descendance, si bien que les gens n’ayant pas ces gènes rendant fou/parano quand on est harcelé ont disparu au fil des générations.

dessins stylisé d'une ville utopique façon années 80
Aucun intérêt à cette image, juste embellir le site 🙂
Et bien je pense que dans la schizophrénie cette activation d’idées de persécution se fait si facilement et intensément (car les neurones sont franchement déréglés)… que la peur qu’on soit persécuté s’active pour presque rien, donnant l’impression que des persécutions improbables sont probables.

C’est un phénomène normal grandement amplifié, et peut amener à l’idée que les extraterrestre vont venir pour nous torturer ou que des robots nous tiennent en esclavage dans une machine virtuelle (comme dans le film Matrix) pour nous faire souffrir car ce qui parait totalement improbable en temps normal parait ici très probable.

Je pense que pour tous les symptômes de la schizophrénie et de la majorité des pathologies psychiatriques, il en est ainsi, c’est juste un dérèglement, une exagération intense de fonctions normales qui s’activent trop facilement, je l’explique pour bien d’autres symptômes sur ce site.

J’ai réellement ressenti qu’il était très probable que nous soyons tous enfermés dans une simulation informatique comme dans le film Matrix, bien que je savais que la plupart des gens n’avaient pas cette idée, et que cette peur aussi intense était complètement anormale dans mon esprit, et qu’il avait des chances en vrai que ce scénario que j’imaginais ne soit pas vrai.

Après, même si les symptômes ne sont réellement qu’une exacerbation de fonctions normales dans le cerveau, il faut tout de même donner un traitement antipsychotique avant de faire une psychothérapie. Je pense qu’on peut discuter, mais avoir une discussion avec une personne schizophrène sans traitement ne va pas la soigner (c’est ce que j’ai entendu en médecine, et d’après mon vécu, c’est clairement vrai) et ce genre de discussion bien que pouvant un tout petit peu faire changer les idées quelques temps finira rapidement, à mon avis à plus la troubler plus que l’aider.

A force d’accumuler des idées et des impressions qui se retrouvent là exprimée plus intensément qu’en temps normal qui vont dans un sens, on s’écarte des idées communément admises dans la population, pourtant le cerveau peut être pareil, mais un dérèglement biologique, je pense, peut être bien réversible, pourraient tout à fait expliquer cela en favorisant certaines impressions et idées au point de finir en décalage total avec l’avis moyen.

Un autre exemple: l’idée qu’il pourrait exister des personnes pouvant rester dans les airs ou faire de la télékinésie, certains seront amené à penser que c’est insensé de penser cela, et bien moi je vais vous expliquer ici qu’un cerveau normal peut penser cela à condition …

…que certaines idées et impressions soient juste un peu exacerbées, pour comprendre ce que je vais expliquer ici, il faut juste avoir un minimum de capacité à comprendre ce que les autres peuvent penser et ressentir:

Vous pensez certainement que se sustenter dans les airs est impossible car les lois de la physiques empêchent cela, vous pensez cela car vous pensez que la loi de la gravité et les autres lois sont ainsi et ne peuvent absolument pas changer, qu’un effet a toujours les mêmes conséquences, car peut être vous êtes en quelque sorte cartésien, mais si on réfléchit bien on peut se demander, au fond, si on est totalement sûr que les lois de la physique sont bien immuables, que la loi de la gravité ne peut être pris en défaut (en effet en physique plusieurs lois ont été mises en défaut, et n’étaient que des approximation de la réalité), que forcément ce sont des lois qui régissent les phénomènes physiques et pas plutôt quelque chose de surnaturel qui régule tout cela. Par réflexe j’ai tendance à penser que les lois de la physique sont immuables, que c’est bien elles qui dirigent le monde. A l’heure actuel, je serai incapable de penser qu’il est possible que des personnes puissent rester en l’air grâce à leur concentration, mais j’ai connu un personne pensant cela, et il faut reconnaître que si on oublie les lois physiques, dont après tout rien ne prouvent qu’elles soient vraies (car en effet le monde dans lequel on vit est peut être une simulation par un esprit malin), à part le fait qu’on ait peur qu’elles soient fausses et que nos croyances s’écroulent, il faut donc reconnaître que dans ce cas, rester en l’air par la pensée est envisageable.

Si en plus la personne qui pense cela a l’impression qu’il est bien que des gens aient des forces surnaturelles comme voler en l’air, que c’est une bonne chose, car par exemple ces personnes pourraient sauver le monde de ses malheurs, alors on aura tendance à vouloir croire que oui, des gens savent rester dans les airs grâce à la pensée. Effectivement, ces idées que le monde repose forcément toujours sur les mêmes lois physiques est une idée subjective (en effet rien ne prouve que nous ne sommes pas dans un monde simulé par un esprit malin qui nous fait croire que les lois physiques existes, après tout, pourquoi cette hypothèse ne pourrait être juste), et si le cerveau a envie de croire que ces lois de la physiques existent ou au contraire que ces lois de la physiques n’existent pas, on peut arriver à des conclusion radicalement opposées faisant passer les autres pour des fous.

Lézard assez gros, de l'ordre de 25 cm, sous une pierre
Il y a vraiment un lézard dans l'esprit!
A vrai dire tout est subjectif, si nos émotions nous poussent à ressentir fortement un truc, il y a toujours moyen qu’on prenne en compte que les arguments en faveur de cette impression et qu’on ne pense pas aux arguments en sa défaveur.

Avoir une impression d’un truc, par exemple avoir l’impression que le voisin qui nous a pas répondu quand on lui a dit bonjour nous déteste, provoque le fait que certaines idées vont naître en nous plus facilement, ainsi on n’aura pas à l’esprit les idées en faveur que cette personne n’a juste pas entendu ce qu’on lui a dit. Dans la psychose c’est pareil sauf que les impressions sont extrêmement intenses, et bloquent l’apparition d’idées en défaveur du délire fortement, cependant nombreux patients se rendent compte que dans leur esprit ça cloche même si l’impression intense reste présente.

Avoir des idées bizarres/folles ne rend pas dangereux

dessin au feutre rouge sur une serviette en papier d'une maison, une poule d'eau, un anne à grandes oreilles
Un dessin bizarre que j'ai fait (il n'y a pas vraiment de rapport avec les idées bizarres 🙂 ).
Oui, il peut arriver d’avoir des idées, des intuitions folles, qui paraissent très étranges. Cela pourrait amener à penser que ces patients, si par exemple ils avaient l’intuition qu’il faille tuer un voisin, finiraient par aller le tuer ou qu’ils pourraient faire tout autres actes graves, en vrai il n’en est rien pour une raison simple …

… les personnes ont toutes ou presque une retenue à faire du mal aux autres. Cela parce que faire du mal aux autres fait souffrir, et parce qu’on ressent ça comme extrêmement grave (du moins c’est mon point de vue, mais ça parait juste en observant les gens). Cette retenue de faire du mal aux autres est toujours présente dans la schizophrénie (du moins pour moi et pour ceux que j’ai rencontré).

Pour moi, et à mon avis pour pas mal de schizophrènes cette retenue, empathie et culpabilité envers les autres est même souvent extrêmement exacerbée…

Bien que je pouvais être extrêmement en colère contre certains, je n’allais certainement jamais leur faire du mal.

Cette colère n’était quasiment plus présente à partir du moment où je prenais un traitement.

[sstimg id="209" side="left" width="28%" max-width="450px" legende="On s'imagine parfois que les patients ayant des idées bizarres y adhèrent sans soucis. Moi elles me créaient beaucoup d'inquiétudes, et elles me convainquaient qu'à moitié d'être vraie, je ne voulais pas les avoir."]

Personnellement je ne crois pas vraiment qu’on apprend à pas faire de mal. Je pense que c’est surtout inné. Personne ne m’a expliqué petit que faire pleurer la voisine était mal pourtant je ne voulais pas le faire. Et ça même si petit on a souvent envie de faire des conneries interdites, pour l’envie de l’aventure, montrer qu’on est courageux, et car ça nous dérange d’obéir parfaitement aux règles imposées. Ce conflit en nous entre essayer de faire des conneries et ne pas vouloir faire des conneries qui pourraient blesser les autres est la preuve qu’on s’inquiète de faire du mal aux autres. Sinon il n’y aurait pas ce conflit en nous et on ferait les conneries sans même réfléchir.

Même si on se fait reprendre quand on fait quelque chose de mal étant enfant, ce n’est sûrement pas le souvenir de la punition enfant qui pousse les gens à ne pas faire de mal adulte, mais parce que généralement, pour la plupart des gens, ça leur fait mal de faire du mal (c’est mon avis).

Aussi j’ai lu une expérience scientifique réalisée vers 2010 qui va dans ce sens que l’humanité est innée. On a mis des bébés de 7 mois devant une vidéo de deux peluches une rouge et une bleue. La vidéo montrait une des deux peluches empêchant l’autre de réaliser son but : amener un ballon au sommet de la colline. Puis ceux qui réalisaient l’expérience mettaient les bébés en présence de ces deux peluches. Systématiquement les bébés prenaient dans leur bras la peluche victime comme doudou (qu’elle soit bleue ou rouge). Jamais l’autre. C’est un peu la preuve que dès tout petit, on veut faire le bien. Ou c’est à minima la preuve qu’on a déjà une conscience du bien et du mal. Le bien c’est aider comme on aimerait être aidé, et ne pas faire de mal comme on aimerait qu’on nous fasse pas de mal.

Message pour les étudiants soignants, ou tout à chacun pour clarifier les idées reçues sur la schizophrénie

Je vous invite à lire d’abord les titres de chaque chapitre de cette page. Le document etant très long.
Un jeu d'ouvriers géants pour enfants dans un centre commercial
Vous, étudiants en médecine, vous construisez vos connaissances.

J’ai l’impression que certains médecins ont du mépris pour les personnes atteintes de pathologies psychiatrique. Je n’aime pas bien ça. Après je ne peux pas non plus en vouloir aux soignants d’avoir peur de certaines pathologies si les explications qu’ils ont eu sont inquiétantes. C’est pourquoi ici je clarifie certaines points.

A parte sur la médecine

Aussi les pressions subies en étant étudiant en médecine rendent dingues. C’était ainsi dans ma fac de médecine. Ça n’aide pas à y voir plus clair et pousse à être mal aimable. C’est vraiment de la merde comment la situation des soignants est gérées en France! En tant que médecin ou soignant je vous invite à vous grouper et lutter contre tout ça. Par exemple les gardes de 24h sont justes dangereuses car les médecins sont moins fiables après 12H de garde, car ça pourrit la santé du médecin de ne pas dormir si longtemps, ça le met en danger de suicide à la fin de sa garde, et en danger d’accident de la route si il rentre en voiture. C’est juste inadmissible, je ne comprend pas qu’on continue.

Sensibilité mais souvent gentillesse dans la schizophrénie

Revenons à la schizophrénie. Je pense qu’effectivement, il peut arriver que parfois les patients se braquent un peu ou s’agacent. Je trouve que les schizophrènes s’agacent généralement intérieurement pour éviter d’être désagréables et d’être mal vus. Ils redoutent de faire du mal aux autres. Ils peuvent rester un peu parano et susceptibles. Mais avec cet article, je pense pouvoir vous aider à mieux les guider.

Aborder les patients

Je vous met aussi en garde de ne pas trop insister, à questioner, à vouloir comprendre les patient surtout quand il n’est pas stabiliser. Ça peut être mal vécu, le patient si il va mal pourra finir par voir un autre médecine, ce n’est pas très grave non plus. En effet comme je l’explique en bas de cette page: il peut être dérangeant de partager ses fantasmes. Partager ses idées peut être mal vécu dans la schizophrénie quand on va mal.

A t’on conscience de son trouble ?

Aussi certaines patients atteints de schizophrénie ont parfaitement conscience de leur troubles (ça a l’air d’être mon cas et la majorité des patients). D’autre n’en auraient pas conscience et croiraient leurs intuitions sans avoir de recul. Cette anosognosie serait liée à une lésion à une endroit dans le cerveau. Voici un document qui explique cela : L’anosognosie dans la schizophrénie..

Les chapitres de cette pages

Les schizophrènes vont bien mieux quand ils ont un traitement

Avoir des idées bizarres/folles ne rend pas dangereux

De mon point de vue la schizophrénie n’est qu’un dérèglement des neurones, amenant des fonctions normales du cerveau à être exacerbées ou diminuées de manière intense

Mes petites tensions avec les médecins

Un ressenti sans traitement

Trop d’idées à la fois

Les cours sur la psychiatrie dans ma faculté étaient mauvais

Les patients veulent se traiter en général, mais le traitement est lourd ce qui pousse à l’arrêter, et parfois ils peuvent croire être guéris donc l’arrêter

Oui, un traitement médicamenteux (ou à défaut d’efficacité par sismothérapie) est nécessaire

Le fonctionnement de la psychothérapie

Les schizophrènes vont bien mieux quand ils ont un traitement

Dessin sur fond blanc d'un arbre dans le désert
Un peu de sérénité revient quand vous prenez le traitement
Les patients ayant un traitement antipsychotiques vont généralement beaucoup mieux,

ils reviennent souvent presque à la normal bien que très souvent restant handicapés par la maladie et ayant des difficultés à suivre un travail. Nombreux amis étudiants en médecine n’avaient pas compris cela jusqu’en 7ème ou 8ème année. D’ailleurs seulement 10% travaillent .

Lors des cours magistraux, les étudiants apprennent les symptômes présents lors des crises, il faut savoir que ceux-ci disparaissent beaucoup avec le traitement et/ou en dehors des crises.

Avoir des idées bizarres/folles ne rend pas dangereux

dessin au feutre rouge sur une serviette en papier d'une maison, une poule d'eau, un anne à grandes oreilles
Un dessin bizarre que j'ai fait (il n'y a pas vraiment de rapport avec les idées bizarres 🙂 ).
Oui, il peut arriver d’avoir des idées, des intuitions folles, qui paraissent très étranges. Cela pourrait amener à penser que ces patients, si par exemple ils avaient l’intuition qu’il faille tuer un voisin, finiraient par aller le tuer ou qu’ils pourraient faire tout autres actes graves, en vrai il n’en est rien pour une raison simple …

… les personnes ont toutes ou presque une retenue à faire du mal aux autres. Cela parce que faire du mal aux autres fait souffrir, et parce qu’on ressent ça comme extrêmement grave (du moins c’est mon point de vue, mais ça parait juste en observant les gens). Cette retenue de faire du mal aux autres est toujours présente dans la schizophrénie (du moins pour moi et pour ceux que j’ai rencontré).

Pour moi, et à mon avis pour pas mal de schizophrènes cette retenue, empathie et culpabilité envers les autres est même souvent extrêmement exacerbée…

Bien que je pouvais être extrêmement en colère contre certains, je n’allais certainement jamais leur faire du mal.

Cette colère n’était quasiment plus présente à partir du moment où je prenais un traitement.

Personnellement je ne crois pas vraiment qu’on apprend à pas faire de mal. Je pense que c’est surtout inné. Personne ne m’a expliqué petit que faire pleurer la voisine était mal pourtant je ne voulais pas le faire.

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De mon point de vue la schizophrénie n’est qu’un dérèglement des neurones, amenant des fonctions normales du cerveau à être exacerbées ou diminuées de manière intense

Un autre point important (c’est mon avis, mais avec l’analyse que je fais de mes pensées passées, je pense que c’est juste)…

les schizophrènes ne sont pas insensés, je pense que le cerveau, les circuits, le positionnement et l’agencement des neurones est normal, que les fonctions qui sont utiles pour raisonner sont normales. Je pense que certaines fonctions sont extrêmement sur-activées ou sous-activées, amenant le comportement et les paroles de la personne à paraître insensées. C’est parce que, avec du recul, je trouve que toute mes idées et intuitions anormales peuvent être vue comme des exacerbations de phénomènes du cerveau normaux, que j’ai déduit cela.
tout un tas de tour d'église et d'ancien minaret à Séville
Aucun intérêt à cette image, juste embellir le site 🙂

Je prend un exemple: toute personne (ou presque) se faisant harceler réellement intensément par son patron, ses camarades de classe, ses collègues, finira par voir de la persécution partout. Cette personne aura l’impression que cette persécution ne s’arrêtera jamais, aura envie de se venger, et verra une attaque sournoise dans la moindre action de son chef, de ses collègues, etc..

Dans la schizophrénie où souvent il y a des idées de persécution, je pense que les fonctions, les réseaux de neurones qui s’activent que quand il y a très très certainement une menace probable, ici s’activent pour juste une idée qui passe en tête.

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Mes petites tensions avec les médecins

C’est vrai que je focalise parfois mes idées sur les médecins, dans ce document vous le verrez, rassurez vous, je ne suis pas complètement dingue non plus :). Il y a plusieurs choses à dire à propos de ça.

Ça me vient sûrement en partie de ma maladie qui fait que je m’inquiète trop pour ça, que je suis trop susceptible. Aussi, ça me dérange beaucoup de sentir ne pas être pris au sérieux quand je raconte un symptôme étrange à un médecin. Je crois que de nombreux autres patients ressentent cela. Je peux redouter d’être pris un fou dangereux, qu’on ne me prenne pas au sérieux entre autre quand j’explique un symptôme qui me parait important à prendre en compte.

Rajout fait plus tard: J’ai récemment changé un peu de traitement, je prend un peu moins de solian et on a rajouté l’haldol. Ce genre d’impression a disparu et j’en suis bien content. C’était des impressions pénibles mais je ne pouvais pas prendre plus d’antipsychotiques de seconde génération vu mon poids. L’haldol, un antipsychotique de première génération qui pose des problèmes mais ne fait pas grossir m’a bien soulagé. En tout cas, oui, j’ai vu chez de nombreux patients et chez moi cette inquiétude de passer pour un fou, pour un dangereux, cette peur de ne pas pris au sérieux qui est désagréable. Je crois que ce qu’il faut faire face à ça c’est de montrer qu’on prend le patient au sérieux ou que si on a un doute sur une de ses idées on en parle. Si jamais ces impressions qu’a le patient sont vraiment trop fortes, alors il faut inciter à augmenter le traitement.Suite …

une giraffe dans un parc qui mange dans sa gamelle tenue en hauteur
Il ne faut pas se sentir au-dessus des autres en tant que médecin. J'avais eu ce ressenti en pensant que les patients étaient bêtes étant donné qu'ils étaient loin d'avoir pu réussir la première année de médecine. Et j'ai cru beaucoup voir ce ressenti dans ce milieu.

En réalité même si sur certains points, nous médecins, on a de meilleurs capacités, les patients peuvent avoir de bons raisonnements, ou même faux parfois. Mais il faut chercher à comprendre les patients dans une discussion d'égal à égal où on peut avoir tort de temps en temps, plutôt que dans une démarche de supériorité écrasante.

Aussi ayant été étudiant en médecine j’ai vu quelques collègues avoir une peur des patients schizophrènes de manière presque insensée. Très rarement j’ai vu des médecins les prenant pour des sales mabouls dangereux. Avoir un peu peur des schizophrènes, dans mon entourage, était pas si rare et les prendre pour des gens insensés était très courant. Aujourd’hui je dirais que ce genre de ressenti est présent chez un médecin sur trois que je consulte, les 2 tiers restant étant bienveillant et comprennent qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Je pense que c’est surtout dû aux mauvaises explications qu’on leur a donné sur la schizophrénie et les gens ayant des problèmes psychiatriques en général durant leurs études.

Mais voilà, du coup quand je rencontre un médecin à qui j’apprends que je suis schizophrène, si le contact se passe mal juste après, je suis amené à me poser la question: « est-il en train de me prendre pour un fou dangereux qui va inventer des symptômes dans sa tête »! Car j’ai déjà vu ça dans le milieu médical. C’est pénible d’avoir cette impression que plus on lui raconte ses symptômes, moins il nous croit. Ce n’est pas le cas avec tout les médecins. Ceux avec qui je ressens ça , je ne suis pas sûr que c’est vrai, mais parfois le contact est désagréable.

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Un ressenti sans traitement

dessin au stylo plume avec des couleurs d'un personnage faisant penser à un transformers
Mes pensées ont une tonalité stressante, métallique, inhumaine (même si je peux m'inquiéter des autres) lorsque je suis sans traitement.

A titre d’exemple voici ce qu’on peut ressentir sans traitement. Voici ce que j’ai vécu en arrêtant le traitement durant un mois pour tester quelque chose, il faut avouer que c’est extrême, mais que la très grande majorité des schizophrènes n’auront plus ces problèmes sous traitement.

J’étais, durant cette période, très énervé tout le temps. J’avais peur de moi même et de m’énerver sur les autres à tort étant donné que mon esprit déconnait et que j’étais tout le temps en colère pour des conneries. Puis j’avais l’impression que mon généraliste allait vouloir à tout prix croire que j’allais mal et aller m’emmerder avec ça (je pense qu’il y avait un fond de vrai avec cette généraliste que j’ai changé, même si je m’inquiétais largement trop). Je redoutais de me faire enfermer par elle ou à la limite qu’elle fasse passer le message à mes autres médecins, et qu’ainsi eux ne me croient pas et risquent de me faire enfermer. Je m’imaginais que je n’arriverai pas à rassurer le médecin, que j’arrive dans une situation kafkaïenne, je commençais à penser à ça sans arrêt, sans arrêt. Du coup j’ai repris un traitement à la suite de ça.

Trop d’idées à la fois

Et puis quand les idées et impressions s’accumulent trop vite, qu’elles sont négatives, mégalo etc. on ne peut pas prendre le temps de les défaire. C’est aussi pour ça qu’une simple exacerbation de phénomène normalement présent chez tout le monde peut amener à devenir fou, ça parait logique.

Et à un point il y a un phénomène de cercle vicieux: des idées créent le même genre d’idées qui créent le même genre d’idées. On est alors obsédé par nos pensées. Le patient ne pense qu’à ça et ce qu’il dit peut paraître incompréhensible si son raisonnement l’amène à oublier les contre arguments pourtant évidents à quelqu’un de non inquiet.

Quand on voit certaines choses uniquement d’une certaines manière et que des arguments en faveur de cette manière de voir s’accumulent, ça peut former entre guillemet un délire.

Les cours sur la psychiatrie dans ma faculté étaient mauvais

dessin de figure en 3d composé de plusieurs rectangles qui se tiennent dans l'espace
Vous, étudiants en santé, êtes en train de construire dans votre esprit les concepts sur les maladies, les agencer, en comprendre les tenants et aboutissants pour au final savoir soigner les gens. Je trouve qu'on ne vous guide pas assez clairement dans cette acquisition.

Durant mes études de médecine, dans une des plus réputés faculté de France, on expliquait, je pense, très mal la schizophrénie, donnant l’impression que les patients schizophrène ont le cerveau monté à l’envers! Que les idées qu’ils ressentent sont pas normales, qu’il faut pas chercher à les comprendre car c’est insensé, qu’il doit y avoir quelques chose de foiré dans leur cerveau.

Les cours à la fac donnaient, je trouve, l’impression que pour la schizophrénie et pour les pathologies psychiatriques, que le cerveau du patient réagit de manière totalement aberrante!

Il me semble que dans le milieu médical les impressions, les idées sur les patients schizophrènes sont pires que dans la population en général à cause des cours qui expliquent très mal. Après le fait d’avoir fait un stage dans un service de psychiatrie va généralement aider les soignant à mieux comprendre.

J’avais peur aussi moi même quand je n’étais pas traité qu’il y ait quelque chose de vraiment foiré dans mon cerveau, même si l’idée qu’on me prenne pour un quelqu’un d’insensé me dérangeait beaucoup aussi.

Mais comme je l’ai déjà dit, je pense que cette manière de voir les choses est fausse et que le fonctionnement de base du cerveau est bon, mais que certaines fonctions sont extrêmement exacerbées ou diminuées.

Voici un autre argument pour cette idée:

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Les patients veulent se traiter en général, mais le traitement est lourd ce qui pousse à l’arrêter, et parfois ils peuvent croire être guéris donc l’arrêter

Les patients ne veulent pas se traiter! Pour moi, c’était clairement faux car ça entraînait de l’anxiété et je sentais que mes intuitions pénibles et tordues n’avaient rien à faire là. Apparemment parfois le délire convainc les personnes qu’il est vrai et qu’elles continuent avec ça. Je pense que la plus part du temps le délire est plus vécu comme quelque chose à éliminer de l’esprit, car troublant le bon jugement plutôt que l’améliorant. Je crois que souvent les gens n’aiment pas avoir des idées paranoïdes (la peur d’être persécuté de manière non justifiée).

Après dans cette situation c’est complétement normal d’essayer d’arrêter le traitement surtout au début si on croit qu’on est guéri, ou de le diminuer, car les antipsychotiques de seconde générations sont quand même une vraie saloperie pour la santé…

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Oui, un traitement médicamenteux (ou à défaut d’efficacité par sismothérapie) est nécessaire

Par contre, effectivement un patient ayant le même genre de schizophrénie que moi (avec énormément de parano et de mal être) a besoin d’un traitement, essayer de le soigner sans neuroleptique (ou sismothérapie quand les neuroleptiques ne marchent pas) a effectivement des chances d’empirer la situation et de faire focaliser la parano du patient sur le psychologue ou le médecin. C’est ce qui m’est arrivé quand j’étais suivi par un psychiatre de mes 17 à 19 ans, sans qu’il comprenne que j’avais une schizophrénie. En effet j’ai développé et j’ai gardé l’inquiétude intense qu’il risquait de m’enfermer à vie pour mes problèmes, je ressentais le fait de m’être confié à lui pendant deux ans comme un viol, j’ai effectivement focalisé ma colère contre lui (encore une fois ma retenue et peur de faire du mal aux autres m’empêchait totalement de lui faire du mal), cette colère s’est résolue quand j’ai commencé à avoir un traitement, à mes 23 ans, cela ne posais plus alors de problème.

Le mot neuroleptique est synonyme du mot antipsychotique. C’est juste que le mot neuroleptique est plus utilisé dans les année 60, et le mot antipsychotique est apparu plus tard.

Le fonctionnement de la psychothérapie

petit étendu d'eau avec des nénuphares dans un parc
La psychothérapie permet de retrouver de la sérénité, mais il faut d'abord pour les patients schizophrènes un traitement qui fonctionne un minimum bien.

Voici un peu comment la psychothérapie fonctionne si j’ai bien compris mes cours de médecine et si je me fie à mon ressenti:

Le fait de parler et de partager son ressenti, et que notre interlocuteur essaie d’expliquer en quoi certaines idées qu’on ressent sont exagérées ou fausses peut aider à moins avoir ce genre d’idées que ce soit par un psychologue ou un ami.

Par exemple: une personne déprimant franchement et se sentant ignorée parce qu’un voisin ne lui a pas répondu quand elle lui disait bonjour, à cette personne on peut lui expliquer que si son voisin ne lui a pas répondu, c’est peut être qu’il n’a pas entendu, ou peut être que cette personne est aigri, mais que les autres personnes de son immeuble et la majorité des gens ne le sont pas, et que si son voisin est aigrie ou déprimé, c’est peut être passager.

Aussi pour une dame à qui j’ai parlé et qui avait tout le temps peur de la mort, j’aurai envie de lui dire: c’est quelque chose de normal d’en avoir peur, le fait d’en avoir trop peur n’aide pas à éviter la mort et gâche la vie, si jamais tu peux y arriver essaie ainsi de moins y penser, si tu n’arrives pas pour l’instant à moins y penser, ne t’en veux pas car ce que tu ressens ce n’est pas de ta faute, et si jamais mes paroles ne suffisent pas à pallier ton inquiétude trop grande, il peut être utile de prendre un traitement 🙂 (bien que je lui souhaites qu’elle n’en ait pas besoin)

Voilà, ces points doivent, je l’espère déjà bien vous éclairer et vous rassurer si vous n’aviez pas compris ça.

Mon histoire

J’étais malade depuis l’age de mes 3 ans, je n’ai pas de souvenir de moi non malade, je pense qu’on ne pouvait pas forcément dire que j’étais schizophrène dès 3 ans mais à l’âge de 12 ans, avec mes symptômes, je pense qu’on devait pouvoir l’établir. Je n’ai pas été soigné avant l’âge de 23 ans, car je n’avais pas de symptômes très visibles (comme par exemple de grosses hallucinations), j’avais surtout un profond mal être, de la parano intense, des idées bizarres, l’impression que j’étais démoniaque et malsain et que j’avais peur de contaminer les autres par cela, et que le fait que je pouvais les contaminer était une raison supplémentaire de pensée que j’étais malsain et démoniaque, j’avais honte et peur que les gens connaissent le contenu de mes pensées, car je les ressentais comme étant franchement malsaines aux yeux des autres.

une vingtaine de ballons bleues qui s'envolent dans les airs au dessus d'une cours d'école avec des enfants
Quand je suis allé voir ce psychiatre, j'espérais un miracle, comme un message à la mer ou sur un ballon envoyé, il n'est pas venu, ce n'est que plus tard que j'ai pu être traité. Je ne le regrette pas vraiment, j'ai ainsi pu faire quelques années de médecine où j'ai beaucoup appris.

C’est pour ça que je cachais ma maladie et mes pensées, que je n’ai témoigné à personne de ma maladie. J’ai vu un psychiatre volontairement à partir de mes 17 ans, j’ai fait ce geste de le consulter en espérant qu’il y ait une solution (c’était désespéré car j’avais extrêmement peur qu’il n’y ait pas de solution et que ça me précipite dans la folie), mais finalement je lui ai caché que j’avais franchement des symptômes parano (ce qui aurait permis de faire le diagnostic), car j’avais peur que si il le sache il m’enferme toute ma vie en hôpital psychiatrique car, n’étant sûr que j’étais schizophrène, je redoutais qu’il pense que j’ai une maladie mentale encore plus grave et qui me pousserait à devenir dangereux (mes phobies d’impulsions auraient été la preuve que les gens comme moi deviennent dangereux à un moment aux yeux des médecins).

J’ai donc été suivi par un psychiatre jusqu’à mes 19 ans sans qu’il comprenne que j’étais schizophrène et sans qu’il me donne le traitement adapté. Donner mes ressentis, mes sentiments à ce médecin sans avoir le traitement adapté m’a franchement dérangé, et bien que cet épisode soit passé aujourd’hui, mes consultations avec lui étaient vécues comme un viol psychique car je les vivais comme forcées, en effet j’avais peur que si je le quitte, ne le vois plus, alors il me fasse enfermer, aussi, le partage des mes idées avec lui étaient vécu comme un viol, comme si je racontais un truc super dérangeant à quelqu’un dont je ne voulais surtout pas qu’il l’entende. J’avais peur sans arrêt après la fin de ces consultations qu’il revienne et me fasse enfermer à vie, j’avais peur sans arrêt de ça, et c’est aussi pour ça que je ressentais ces consultations comme un viol: leur existence m’empêchait de redevenir serin, ça m’avait donc détruit jusqu’à la fin de ma vie.

un puits de lumière vers le ciel dans la sagrada familia
Je gardais l'espoir que tout au fond du tunnel il y ait la lumière 🙂

C’est à 23 ans, après qu’une personne m’ait incité à fumer un pétard très concentré en cannabis (durant ma première année de médecine) que j’ai fait une crise d’angoisse mémorable et que j’ai commencé à recevoir un traitement.

C’est bien triste et douloureux de penser que toute son enfance n’était que souffrance mais c’est ainsi. C’est dur à expliquer, mais je gardais l’espoir tout de même, un espoir utopique, fou, mais il était là quand même en permanence.

J’ai continué les études quelques années et abandonné, je n’avais pas la confiance en moi, la motivation, les capacités de concentration et de travail, et l’aplomb nécessaire parfois pour être médecin.

J’avais créé un compte sur le forum schizophrénie Atoute avec ce pseudo (e884571) en 2011 (environ) car à l’époque j’étais inquiet qu’on puisse connaître mon identité avec le pseudo et donc pour être sûr de rester anonymes, j’ai mis un pseudo ne pouvant donner d’indications sur moi. Simplement j’étais en quelques sorte un peu parano (bien que j’avais un traitement qui faisait que j’allais pas si mal) et je m’inquiétais trop que le fait que je sois schizophrène puisse être connu, et je m’inquiétais que, si des gens que je connaissais finissaient par savoir cela, je ne supporte plus leur regard jugeant sur mon moi, trop dérangeant.

Je pense qu’il y a réellement des idées fausses qui circulent sur la schizophrénie, et c’est pourquoi j’invite les personnes souffrant de cette maladie à ne pas le dire à tout le monde, pour ne pas risquer d’être mal vu. Et aussi, si jamais vous le dites à une personne que vous connaissez mal, si celle-ci finit par se fâcher avec vous, elle pourrait vous faire marcher en menaçant de divulguer cette information, ce qui ne peut pas arriver si vous ne le racontez pas aux personnes que vous connaissez mal. Mais il faut aussi avouer que j’étais parano et m’inquiétait trop de cela, et que je ne supportais pas de manière maladive le regard des autres et leur jugement que j’imaginais sur moi, du coup le fait que je sache que les autres sachent que je suis schizophrènes m’aurait perturbé profondément et rendu la vie invivable. C’était ainsi, heureusement ça s’est assez bien amélioré.