Pour moi le délire n’est que le fait de ressentir des choses très fortement, même si on peut être amené à penser: « comment cette personne peut penser ça? son cerveau doit buguer complètement ».
Il y a des personnes dont le comportement me révolte aujourd’hui, par exemple les gens extrêmement racistes ou d’autres cas d’égoïsme profond. En réalité bien que je puisse franchement pas les aimer, il faut bien avouer qu’il y a quelque chose qui se passe dans leur esprit que l’on peut sûrement comprendre
par exemple lors de discussions avec une amie quand même un peu raciste j’ai compris qu’elle était persuadée que les personnes noires étaient plus délinquantes, menteuses et voulaient du mal à la France et aux personnes d’origine française, c’est donc logique de vouloir les virer de la France si l’on pense cela. En argumentant longuement, j’ai réussi pas mal à la persuader que ce sont surtout des idées qu’elle se faisait car moi je croise beaucoup de gens noirs ou arabes et ce n’est que rarement qu’ils me posent problème, de la même manière que les gens blancs. Bien que peut être après la fin de cette conversation ces idées sont un peu revenues, et je lui ai expliqué que même si, imaginons, qu’il y ait un peu plus de délinquance chez ces gens, alors les accuser tous de délinquance est une mauvaise chose: ça les accuse à tort, les font souffrir et monte les gens contre eux. Et je crois qu’aujourd’hui cette discussion l’a pas mal durablement persuadé.
C’est pareil pour la schizophrénie et les autres délires: ils ont une idée en tête qui pourrait être comprise, bien que parfois lors de leur raisonnement, ils font des raccourcis, conduisant à certaines conclusions paraissants insensées, elles ne sont qu’à moitié insensées en réalité. Il s’agit d’idées, je pense, généralement fausses, ils ne réalisent pas qu’elles sont fausses d’une part parce qu’ils ont une intuition qui amène à croire que certaines idées de persécutions sont probables, là où la majorité des gens pensent qu’elles sont peu probables, et d’autre part parce que les raccourcis se font car leur esprit harcelé d’idées inquiétantes n’arrive pas à voir qu’il y a une incohérence dans ces raccourcis.
La rapidité à laquelle ces idées apparaissent et la force avec laquelle ces idées les persuadent est trop forte pour pouvoir lutter contre par la discussion, même si par la discussion on peut faire comprendre que quelque chose cloche et que une des idées est fausse, les idées inquiétantes finiront par revenir, il faut donc prendre un traitement.
Je pense que c’est quelque chose de biologique qui crée la schizophrénie, quelque chose qui dérègle un peu tout les neurones. En effet ça touche un peu toutes les fonctionnalités du cerveau: L’interprétation, la vue, l’ouïe, l’odorat, le touché, la volonté, l’anxiété, le sommeil.
J’avais la sensation de gène, de malaise de partager mes fantasmes avec mes parents. Je pense que c’est un truc normal mais vachement exacerbé dans la schizophrénie.
J’avais l’impression, si j’étais dans une situation un peu fantasmatique avec mes parents, à être heureux et souriant, que je devais, à la manière des gens à la télé dans les séries, être capable de partager des anecdotes sur qui j’étais amoureux ou sur d’autres, alors que ça me gênait terriblement en réalité de parler de ça. C’était une espèce de torture, une forme d’obligation, un peu comme un viol de l’esprit, ou je sentais que la situation m’obligeait à partager mes fantasmes avec mes parents, que ce n’était pas normal de ne pas les partager. Pour moi être amoureux d’une fille et vouloir sortir avec elle était déjà un fantasme inavouable et ridicule. Au final je ne parlais jamais de ça avec mes parents et tant mieux, je n’étais pas près à ça au fond.
Je n’aimais pas partager mon vécu avec les médecins ou m’a famille, si on m’y forçait je me sentais extrêmement dérangé.
Je pense qu’on peut retrouver cela chez des patients au début de la schizophrénie sans traitement ou quand le traitement commence à faire effet, au moment où la famille pose la question de ce que la personne atteinte de schizophrénie ressent. La personne détournera le sujet ne répondant pas, très géné, comme ayant une espèce de sensation viol de l’esprit d’aborder des sujets qu’elle ressent comme très personnels, très dérangeants, très honteux de son point de vue (je me souviens que c’est un peu comme si j’avais extremement honte du contenu de mes pensées et que si on me forçait à les décrire, plutôt que de m’apaiser en me rendant compte que mes pensées ne sont pas si grave, ça m’aurait encore plus donné honte, avec l’impression que les autres me regardent en me jugeant du genre : « tu ne dois pas penser comme ça », un peu comme si on devait lui faire accepter qu’elle avait tort de penser ainsi), peut être les amis et non la famille (dont on a mécaniquement plus de pudeur envers la famille) pourrait plus facilement aborder le sujet. J’ai des souvenir très lointains de ces gènes très profondes d’aborder des sujets, je ne me souviens plus très bien, je me dis que c’est un peu comme si on a terriblement peur d’avouer qu’on est puceau, on s’imaginant que si on l’avoue tout le monde va nous tomber dessus et nous faire la morale, et qu’on culpabilisera et qu’on osera pas répondre ou rejeter ces demandes, cette pudeur d’avouer son ressenti est très similaire à cela, c’est embêtant pour la famille du patient qui aimerait bien aider le patient en le comprenant, mais il faut savoir qu’aborder ces sujets peut déranger terriblement.
Je gardais un secret durant l’adolescence: j’avais fait un truc sexuel dans une situation qu’il ne fallait pas vers mes 13 ans, au fond ça n’est pas allé bien loin, mais ça me tracassait. A cette période là, j’avais une libido tellement intense, c’était intenable, je ne me masturbais pas car le geste ne m’était pas venu à l’esprit, et car je trouvais ça obscène. Du coup, ma libido pétait les plombs avec une érection et des fantasme absolument toute la journée. Généralement face aux filles j’étais très intimidé, mais avec cette fille avec qui je suis partie en vacances, que je connaissais depuis longtemps, j’étais plus à l’aise, c’est ça qui m’a poussé à faire quelque trucs un peu sexuel avec elle. Je culpabilisais de tout énormément, mais comme ma libido était folle, et comme adolescent on a plus de mal à se contrôler qu’adulte et que j’étais assez à l’aise avec cette fille, j’ai quand même insisté auprès d’elle pour qu’on fasse des trucs sexuels, même si au fond ça n’est pas allé très loin et que celle ci semblait consentante au début. Quand elle n’était plus consentante, j’ai continué d’être insistant verbalement , tellement l’envie était intense, puis j’ai arrêté d’être insistant verbalement, mais ça n’est pas allé plus loin et je n’ai pas forcé physiquement à quoi que ce soit et rien de plus n’est arrivé. Je crois que ce genre d’anecdote arrive parfois chez les adolescents, surtout ceux qui ont une grosse libido et ne se masturbent pas empêchant ainsi de faire tomber la libido.
Je raconte ça pour raconter la culpabilité chez moi qui s’en est suivi et presque une sensation de viol de l’esprit que j’ai vécu face à ça, bien que c’était moi le coupable de ces actes.
Je culpabilisais de manière extrêmement intense, sachant que la fille à qui j’avais fait ça déprimait un peu par la suite, j’ai eu peur de l’avoir détruit psychiquement pour toujours d’une part, et d’autre part, je me sentais mal par rapport à mes parents. Je ne comprend toujours pas pourquoi je me sentais mal par rapport à mes parents mais je me sentais dans l’obligation d’à la fois aller voir cette fille pour lui dire mes excuses, alors qu’en vrai j’étais tellement intensément honteux de ça qu’il m’était très difficile de lui parler de ça, et à la fois je me disais que je devais confesser ça à mes parents pour être en quelque sorte soulagé de ce poids, de ce secret inavouable, de garder ce secret, cependant ce sentiment d’obligation de raconter ça à mes parents, je le ressentais comme un viol de l’esprit car ça m’aurait terriblement dérangé de le faire. Cette impression me poursuivait tout le temps et je sentais que tant que je ne m’étais pas excusé auprès de cette fille et de mes parents, ce secret devrait me détruit totalement jusqu’à la fin de mes jours.
La solution pour avoir la conscience tranquille c’était d’avouer le truc sexuel à mes parents… mais c’était pas une solution, car ça m’aurait dérangé profondément, pourtant je continuais de me dire que j’aurai du le faire.
Je lui ai parlé à nouveau de cela 6 ans après en m’excusant, j’étais encore sans traitement, il me semble qu’elle m’a dit que je m’inquiétais trop, je me suis demandé si elle m’a prise pour un fou étant donné la manière dont je lui ai parlé.
Je voudrai lui reparler de cela, même si ça me gène franchement toujours beaucoup, juste pour m’assurer qu’elle ne l’a pas trop mal vécu vu qu’à l’époque même si j’avais insisté, je me sentais coupable après. Et bien sûr lui présenter mes excuses et lui expliquer la culpabilité intense que j’ai vécu face à avoir insisté ayant l’impression d’avoir fait quelque chose de grave.
Il me semble que le nom de ce symptôme est « déréalisation », mais je ne suis pas sûr.
Durant ces moments qui arrivent quand j’ai vécu trop de stress trop longtemps ou que je n’ai pas de traitement, je ressens que tout est absurde et que j’ai peur de devenir fou si l’intensité de ce sentiment d’absurdité est trop important.
Définition de la déréalisation :
La déréalisation (DR est parfois employé) est un état de conscience ou une altération de la perception ou de l’expérience de la réalité qui apparaît comme dissocié ou extérieur à soi. Suivant les cas, les notions d’existence ou de réalité, habituellement ancrées dans la personnalité, peuvent être remis en question. La déréalisation est en quelque sorte l’expérimentation concrète d’un doute métaphysique. Elle n’est pas une maladie à proprement parler. Autrement, il peut s’agir d’un symptôme dissociatif qui peut être vécu lors de périodes de stress intense et prolongé. Certaines pratiques de « méditation » peuvent également provoquer une déréalisation. (Wikipédia)
Effectivement, j’avais souvent peur à ces moments, et ça m’arrive encore parfois que le monde ne soit pas réel comme dans le film Matrix ou que les autres n’aient pas d’âme, ainsi je serais seul sur terre à vivre vraiment. Donc ceci peut être pris pour une remise en question de la réalité décrite sur Wikipédia.
Quand je vivais des périodes de stress important à cause des fluctuation de ma maladie…
…j’avais l’impression que tout était dur à vivre, il y avait une tonalité métallique et aucune chaleur, humanité dans tout ce qui m’entourait et dans les relations avec les autres, juste de l’agressivité cachée…
…à force de plusieurs jours dans cet état d’esprit tout devenait absurde et au pire j’avais une intense peur de devenir fou. Il n’y avait pas de la bienveillance dans les regards des autres que je ressentais, juste un jugement agressif envers moi pour dire qu’il ne fallait pas que je sois comme ça, que je pense comme ça, que je souffre ainsi. Et non l’idée: « mince alors c’est dure cette souffrance, mais ce n’est pas de ma faute ».
J’avais l’idée que si j’allais mal et que je redoutais que ça empire, c’était moi le coupable, il faudrait que je torde dans mon cerveau les idées responsables de cela pour que j’aille mieux, je ne me voyais pas comme une victime mais comme un coupable à ces moments là. Ça pouvait être à force de me mettre la pression suite à une grande charge de travail, que je finissais par ressentir cela. Il n’y avait que des sensations agressives de la part de l’extérieur, du monde, à force d’accumulation de ses sensations agressives, je crois qu’on à l’impression que le monde est absurde. Quand je n’avais pas de traitement, c’était en permanence et de manière très très intense que je ressentais cela, c’était horrible. Maintenant que je suis repassé sous solian à faible dose ça m’arrive un peu mais ça reste léger.
Pour ressentir cette absurdité ressenti dans la schizophrénie, pensez au film Mother ou regardez le (si vous ne l’avez jamais vu). Tout y est profondément déconcertant, absurde, inquiétant, au bout de deux heures de ce film on est franchement déréglé. Je l’avais vu avec une amie, et j’avais pensé en moi, c’est ce que je ressens de par ma schizophrénie, mon ami a mis quelques heures à se remettre du côté absurde de ce film, à ce moment j’allais assez bien et en dix minutes après la sortie, ça allait déjà mieux 🙁
Durant ces périodes je créais des croyances éphémères qui seraient des solutions face à mon futur sans issue.
Dans les moments où j’allais très mal et parfois maintenant quand j’ai trop de stress, que je redoute que mon psychisme s’empire, que je deviens fou inquiet à vie, que je finisse dans un hôpital psychiatrique, perdu dans un profond désespoir et une profonde inquiétude du futur qui me relance chaque seconde, je crée encore des petites croyances très éphémères dans mon esprit, qui disent que si je pense ainsi et je continue de penser ainsi, ça fera fuir mes obsessions, mes inquiétude et ça me sauvera.
Malheureusement ces croyances de pouvoir être sauvées sont immédiatement prises en défaut car je me rends compte immédiatement que c’ést insensé, ce qui m’inquiète intensément.
Voici un de mes écrits récents sur le sujet: « Je comprend que c’est ce que je m’imagine du jugement des autres sur moi qui crée la déréalisation chez moi, qui crée cette culpabilité. Du coup au moment où je sens que cette déréalisation arrive, je me dit « je ne devrais pas avoir peur du regards des autres car d’une part c’est mal vu d’avoir peur du regard des autres et que d’autre part c’est ça qui au bout du compte va me donner l’impression que tout est absurde, donc il faudrait que dès maintenant j’arrête de ressentir que le regard des autres comme incisifs. » et je culpabilise de ne pas y arriver et de rester inquiet ».
Mais finalement, faire cela, ce n’est que s’imposer un jugement méchant et agressif sur moi: « il faut que je fasse un effort pour me sauver, sinon je suis cuit et c’est justifié », c’est donc un monde dur et violent sans cesse que je ressens, avec l’idée que c’est moi le coupable. Ces croyances qui se créent étaient donc elles même violentes contre moi , j’étais du coup un peu sur la défensive. un peu comme dans une machination.
Je me rend compte de ces idées bizarres actuellement, ce qui m’inquiète si je suis dans ce mode où je me sens coupable, en général je ne comprend pas ce qui se passe dans ma tête à ce niveau et ces idées me sortent de l’esprit, ce qui est plutôt mieux. A la limite il ne faudrait pas stimuler les patients à se rendre compte de ces idées et les comprendre, car si ils sont entraînés à les comprendre, à les mettre en évidence dans leur esprit, sans oublier l’idée qu’ils viennent d’avoir, ça risque de créer un cercle vicieux, ils se feront des nœuds, et des inquiétudes, s’ils sont dans ce mode de culpabilité où ils doivent se sauver eux même. C’est peut être ce qui arrivent chez les patients borderline en psychanalyse où la maladie peut empirer ou dans l’hypnose pour les schizophrènes.
Ce ressenti que ça ne va pas, cette peur de devenir fou, c’est aussi l’impression que si une pensée ne va pas dans mon esprit, je suis comme en équilibre sur un fil, et alors je vais tomber dans l’inquiétude sans fin qui mène aux catastrophes.
Déjà en tant que médecin, je crois qu’il ne faut pas trop se mettre trop la pression. Même pour une personne ayant une schizophrénie, il est compliqué de comprendre une autre personne schizophrène en délire.
Je pense qu’il faut être poli comme on doit l’être avec tout le monde.
Je met en garde également sur le fait d’insister à vouloir comprendre ce que pense le patient à tout prix. Ça peut être très mal vécu et encore plus si c’est par la famille. C’est pourquoi, en tant que soignant il faut poser des questions, mais pas trop insister. Effectivement comme je l’explique en bas de cette page: il est dérangeant de partager ses fantasmes. Partager ses idées peut être mal vécu dans la schizophrénie quand on va mal.
Il est aussi difficile, peut être parfois impossible de persuader un patient de se soigner si il ne veut pas. Ne vous mettez la culpabilité de ne pas réussir à persuader vos patients. Il ne faut pas non plus trop harceler vos patients en général. Si ils vont très très mal et risquent d’être dangereux pour eux même ou pour les autres, là on peut insister. Je pense que l’éthique est de laisser les gens libres de leur actes et juste d’avoir un conversation d’égal à égal. Rassurez vous en tant que soignant, sans en être complètement sûr de mes connaissances, il me semble qu’un patient doit vraiment aller très mal pour qu’il soit dangereux pour lui même ou les autres. Un patient schizophrène juste assez énervé ne risque surement pas de faire du mal. On n’enferme pas quelqu’un sans pathologie assez énervé. On ne doit pas enfermer un patient schizophrène juste parce qu’il est trop énervé. Ça n’a pas de sens.
Quelques astuces pour communiquer avec le patient:
Certains patients n’auraient pas conscience que ces idées sont parasites
Apparement certains patients atteints de schizophrénie n’ont pas conscience que leur idées un peu folles sont des idées parasites. Je ne veux pas non plus stigmatiser ces gens, je ne connais pas ce sujet de la schizophrénie. C’est ce qui s’appelle une anosognosie. Du coup ils ne comprendraient pas en quoi il faut se soigner. C’est ce qui est expliqué dans ce document qui donne aussi des conseils: « L’anosognosie dans la schizophrénie ».
Je crois vraiment que j’ai conscience de mes problèmes et je sais qu’il faut les soigner. Ce domaine de l’anosognosie m’est inconnu. Je ne veux pas dire de bêtises à propos de ces personnes là.
Comprendre ce que le patient ressent
Essayez de comprendre ce qu’il ressent. Je pense qu’il ne vous en voudra pas de poser la question de ce qu’il pense et ressent. Sauf peut être si il est dans un période sans traitement ou une période où il va vraiment mal et qu’il puisse être trop susceptible. Et donc il ressentirait cette question comme si on le prenait pour un fou. J’ai déjà ressenti ça quand j’étais trop susceptible.
Expliquer à un nouvellement malade que ça se soigne
Un autre élément face à un patient sans traitement et jamais soigné: je pense qu’il faut lui préciser que les problèmes qu’il ressent sont connus. Ce qu’il vit arrive chez certaines personnes. Il existe un traitement même si chaque patient a des pensées différentes, un vécu différent. Du coup lui donner un traitement va vraiment résoudre ses inquiétudes. Ça aide d’autres personnes et ça va lui permettre d’y voir plus clair.
Explorer certains symptômes si ça dérange pas
Surtout pour les psychiatres ou soignant en psychiatrie, je pense qu’il faut demander au patient pour certains symptômes. Je pense que la plupart des patients ne vont pas parler d’eux même d’être timorés ou de ce faire des nœud en redoutant faire parti d’un mauvais groupe. J’ai vécu ce symptôme de vouloir à tout prix cacher ce que je ressentait dont j’avais honte. Ce que je m’imaginais être honteux. Après, il n’est pas utile de mettre en évidence cela, si il n’y a pas de traitement 🙁 . Moi je l’ai fait passer suite au bactrim, mais ce n’est pas un traitement reconnu.
Demander ce qui ne satisfait pas le patient dans sa vie
Je pense qu’il faut en tant que médecin, demander au patient si il y a des choses qui ne le satisfont pas dans sa vie, justement pour pouvoir les améliorer. Ce n’est par exemple que récemment que mon psychiatre a compris que je me sentais parfois trop parano, que ça m’embête d’être trop gros à cause du traitement, que j’ai du mal à travailler et réaliser mes projets. Pourtant je le vois depuis longtemps. Bien que j’apprécie vraiment mon psychiatre et que je le trouve très bon il est passé un peu à côté de ça. Finalement le médecin et surtout le médecin psychiatre est là pour que le patient soit satisfait dans sa vie, du coup c’est important de lui demander.
Effectivement il ne faut pas chercher à persuader par la discussion qu’une personne qui est en crise psychotique que ses idées sont infondées pour telle ou telle raison, car rapidement les idées envahissantes reprendront le dessus. Cependant on peut éventuellement la persuader que globalement ses idées sont souvent trop inquiétantes et sont finalement erronées et que prendre un traitement va permettre d’arranger ce problème, va permettre d’y voir plus clair. Que globalement elle n’est pas comme avant.
Cependant il y aurait de vraie cas parfois dans la schizophrénie, d’anosognosie, de ne pas avoir conscience qu’on est malade. Ce document trouvé sur un autre site l’explique bien, et dans ce cas l’adhésion au traitement, me parait plus difficile.
Parfois il peut aussi arriver l’idée/l’intuition que prendre un traitement va conduire dans le faux, dans la mauvaise voix, qu’il faudrait continuer à souffrir pour sauver le monde. En tout cas cette impression est venue à moi avec des croyances un peu compliquées à expliquer.
J’avais l’intuition que l’humanité vivait dans un monde virtuel simulé, à la manière du film Matrix, encore une fois je me rendais compte que cette intuition était folle. J’avais l’impression que d’être dans ce monde virtuel, c’était peut être ça qui créait une souffrance atroce en moi, un mal-être et une inquiétude constante.
Il aurait fallu, comme dans le film faire sortir les gens de la Matrix, de cette simulation pour les soulager et leur permettre d’accéder à la vérité.
J’avais l’impression de trahir des personnes qui luttaient dans la matrice si j’arrêtais de souffrir en prenant le traitement, j’étais partagé entre l’idée que si je prenais le traitement j’arrêterai de souffrir mais je condamnerai l’humanité, ou je ne prendrai pas de traitement et par un truc surnaturel insensé, peut être que ça sauverait l’humanité. C’était similaire au choix entre la pilule bleu et rouge dans le film, si il prend la rouge il sort de la Matrix et peut lutter difficilement, mais il le peut, ou il prend la bleu, reste dans la matrice et vie sereinement sans inquiétudes à la manière du traître qui préfère manger le steak de viande virtuel dans la matrice, profiter de la vie tout oublier plutôt que d’en sortir et manger une pâte servie aux résistants.
je m’imaginais être un de leur membre les plus importants, ou le plus important, l’élu, je m’imaginais que des personnes dans mon entourage avaient certains rôles dans la matrice, et je culpabilisais si je les trahissait.
Bien que j’ai toujours un questionnement, une impression de trahison de ma part quand je pense à ça, en réalité je n’ai pas hésité à prendre le traitement, je me disais quand même que c’était trop fou ce que je pensais, que ça mènerait à des actions inquiétante au pire, qu’au mieux je finirai clochard souffrant psychiquement intensément, à moins que la matrice existe réellement bien-sûr, auquel cas je souffrirai intensément puis un miracle de la matrice me sauverait. Question à la con que je me pose quand même, en me disant que j’ai peut être trahi ces gens, que les catastrophes en boucle que l’humanité vie continueront, qu’on ne sortira pas de ce cercle!
L’intuition que la matrice existait vraiment était très forte en moi, même si jamais conscience que c’était une idée parasite, et parfois, rarement j’y pense encore.
Toute ma vie est basée la dessus car dès tout petit, vers 5 ans peut être, cette intuition m’a envahit, et tout ce que j’ai vécu dans mon enfance est teintée de cette idée, comme si je l’oubliais, j’oubliais tout.
J’avais l’idée que si mon nerf optique et les autres nerfs étaient piratés, alors on pourrait me faire croire que je vis dans un faux monde, les pixels de ma vision étant piraté comme les pixels d’un écran de télévision, et je ressentais que ça devait être le cas.
Je crois que je me faisais cette idée, car bien-sûr j’étais parano avec l’impression que les gens (ici les dirigeants de la matrice) voulaient me faire souffrir sans raison réelle, et aussi parce que j’étais intelligent, en effet quand on est intelligent on remet en question tout ce qu’on apprend, pour vraiment bien comprendre les choses, ici je remettais en question la réalité, c’est peut être ça qui m’a poussé à imaginer la matrice alors que beaucoup d’autres schizophrènes n’ont pas ce délire il me semble.
Peut être certains ne veulent pas se soigner pour des inquiétudes avec des idées un peu du même genre, que si il prennent le traitement, ils ne pourront sauver l’humanité d’une manière ou d’une autre. Je ne sais pas si c’est un problème qui existe ou non dans les autres cas de schizophrénie.
Je connaissais quelqu’un qui avait des symptômes parano proches de la schizophrénie et qui n’était pas très gentil, il ne semblait pas comprendre que ses idées paranos ne tenaient pas la route. Je me demande si le fait de ne pas être bien gentil voir même un peu méchant ne serait pas lié au fait qu’il ne se rende pas compte que sa parano est insensée, en effet en l’absence d’un bon réseau efficace de neurones miroirs dans le cerveau, il ne peut comprendre que la plus part des gens qu’il côtoie ont en général des intentions gentilles. Il ne pouvait donc se rendre compte qu’il y avait un décalage entre ses intuitions que les autres lui veulent du mal et l’observation des autres dans la vie de tout les jours, qui ne lui faisaient pas de mal soient gentils, ce serait pour ça qu’il n’avait pas conscience que sa parano ne tenait pas la route, et donc qu’il ne voulait pas se soigner?
Peut être que c’était une autre raison qui le poussait à pas se soigner, par exemple je sais qu’il avait peur des médicament, que c’était pour lui l’industrie du pétrole qui créait les médicaments pour nous rendre malade pour vendre plus de médicaments.
C’est vrai qu’il étalait sa parano sans complexe comme si il n’avait pas de recul dessus, c’était aussi quelqu’un de très têtu, c’est peut être aussi pour ça qu’il ne voulait pas se soigner.
J’avais l’idée que j’étais devenu malade à cause d’un traumatisme, genre avoir été violé tout petit sans m’en souvenir ou autre chose. Ça pouvait paraître cohérent car il n’y a pas de raison que je sois malade comme ça, et puis c’est rassurant, ça veut dire que je suis normal, c’est juste qu’il m’est arrivé un traumatisme, et que contrairement à mon ressenti constant, ce n’est pas moi le coupable. Et puis il y a un truc mauvais/grave et y a un coupable donc c’est cohérent, et ça donne l’espoir qu’on puisse retrouver le traumatisme et qu’on puisse guérir en retrouvant ce traumatisme. J’ai eu une période avec cette idée là.
J’avais peur que si il y avait un bug dans mon cerveau, ça soit définitif et ça ne soit pas réparable, que mon cerveau soit anormal, fini, périmé, détruit, que je ne puisse jamais redevenir normal, heureux et serein, que l’anomalie dans mon cerveau me rendant anormal et malheureux reste pour toujours, du coup cette idée de traumatisme, plus naturelle me rassurait, et j’aimerai bien y croire à cette période. J’avais peur que mon cerveau ne revienne jamais à la normal, que je sois condamné, que ça soit irréparable, cette idée me terrorisait.
Aujourd’hui je pense que c’est juste un dérèglement d’origine biologique des neurones, et que si des chercheurs trouvent l’origine de ce dérèglement, ça pourrait peut être revenir dans l’ordre, ça a aussi quelque chose de rassurant, mais je pense que ça peut être vrai car pour moi les idées des schizophrènes et des autres maladies psychiatriques sont juste issues d’une exacerbation de phénomènes normaux dans le cerveau.
J’avais souvent peur que le dérèglement grave de mon cerveau ne puisse qu’empirer.
J’avais une bonne partie du temps l’impression d’être profondément malsain voir démoniaque, que quand je parlais au gens je risquais de les contaminer, de les condamner avec mon côté malsain, et ça surtout vers la fin de mon périple sans traitement, quand j’étais en première année de médecine.
Je m’en voulais d’ainsi leur faire du mal, de créer un profond mal-être chez eux. Oui ça arrivait surtout en 1ere année de médecine juste avant que je me soigne, comme je n’étais pas à ma place en médecine, je sentais que j’étais dans le mensonge permanent à m’obliger à continuer médecine, je gardais le secret fou que je ne voulais pas vraiment faire médecine mais que j’y étais quand même, une bonne partie des raisons pour lesquelles à ce moment je voulais continuer médecine était vraiment folles. Je redoutais en permanence que les autres puissent lire en moi ces idées folles qui me poussaient à continuer. J’étais dans le mensonge en permanence, j’avais l’impression de trahir les gens, et que cela allait les rendre malades car j’arriverai à leur transmettre inconsciemment mes problèmes, et conflits intérieurs, les non-dits inconscient qui créent mon mal-être, par exemple quand je me forçais trop à apprendre en bibliothèque avec les amis jusqu’à l’épuisement psychique total, je redoutais qu’ils fassent la même chose et se rendent définitivement malades psychiquement comme moi.
Cette peur extrême me donnait presque l’impression que les gens pouvaient lire par mon attitude le contenu de mes pensées.
Comme le contenu de mes pensées étaient malsains, c’est pourquoi il y avait des tabous, des incompréhensions dans les conversations, et je ne parlais pas du contenu de mes pensées, je me disais que cela créerait des nœuds psychiques chez mes amis et que je serais responsable de les contaminer en créant ce mal-être.
Et du coup si je pensais un truc malsain comme par exemple l’idée que si la personne à qui je parlais se fasse renverser par une voiture juste après la conversation, je sentais que cette personne pouvait se rendre compte que je pensais cela. Et du coup jugeait en quelque sorte qu’effectivement ce que je pensais était franchement malsain, ça devait le dérangeait de ressentir cela, et moi ça me dérangeait de voir qu’il devait penser ça.
Pareil avec des fantasmes sexuels inappropriés ou des idées malvenues comme penser qu’on est démoniaque au catéchisme. C’était grave de penser ça dans mon esprit. J’avais peur durant le catéchisme d’être quelqu’un de démoniaque aux yeux des autres élèves du caté, comme j’avais cette impression, je me disais que c’était la preuve que je l’étais vraiment, en effet quand on nous parle de dieu, on doit être rassuré, porté, et non avoir peur d’être démoniaque, si les gens ont peur d’être démoniaque quand on parle de dieu c’est qu’ils sont vraiment démoniaques. Je m’imaginais les autres penser en eux même cela.
J’avais aussi la peur de paraître bizarre dans les conversations et que ce soit très grave que je paraisse bizarre. Par exemple si j’vais l’impression que si je disais bonjour ou aurevoir à une personne au mauvais moment, cette personne me prendrait pour un fou, pour quelqu’un de bizarre de dangereux. Du coup ma pensée était focalisée la dessus plutôt que sur une relation chaleureuse et finalement mon comportement était vraiment bizarre.
Ce qui me poussait à redouter qu’on voit ce que je pense et ce qui me poussait à paraître bizarre était la même chose: la peur d’être grave, très grave, malade, bizarre, aux yeux des autres, que ce soit par ma pensée, ou par mon attitude qui trahi ma pensée. Cette peur, plus forte que ma volonté de ne pas y penser prenait le dessus à ces moments.
Un peu pareillement, avec cette peur extrêmement du regard et cette parano, je me disais par moment quand je commençais à être soigné, quand j’avais encore beaucoup de phobie d’impulsions, que si je tenais un couteau à l’envers dans la rue les gens allaient penser que je suis dangereux, ils allaient appeler la police, j’aurais du mal à leur expliquer que je suis pas dangereux, ils me croiraient pas etc. Ces deux aspects de mon raisonnement: avoir peur du regard des autres, tout en voulant ne pas en avoir peur et les peurs de scénarios de persécutions prenaient le dessus.
J’avais souvent l’impression, la peur qu’on perçoive ce que je pense rien qu’en observant mon comportement, que mon comportement me trahisse.
J’avais l’impression que c’était évident que les gens comprenaient que j’avais tel genre de problème en tête, alors qu’en fait, non.
Quand les autres faisaient des blagues, je ne comprenais pas et je ne savais pas où me mettre, j’avais honte de ne pas avoir compris, et si une personne me prenait à parti pour rigoler, j’avais peur qu’elle se rend compte que j’avais rien compris, que c’est les gens grave intérieurement qui comprennent pas ce genre de blague évidente, ça me mettait mal. Et plutôt que me détendre pour comprendre en quoi c’est drôle, j’étais tétanisé par cette peur.
Les personnes schizophrènes ont souvent des symptômes qui les rapprochent de l’autisme, et effectivement je me retrouve dans la description de l’autisme asperger sur wikipedia: Autisme Asperger
J’avais l’impression que les gens se moquaient entre eux violemment et que c’était la norme pour être accepté par la société, pourtant je sentais que ça n’était pas le cas non plus, et que c’était plus mon cerveau qui déconnait à penser ça, mais je le ressentais franchement par périodes.
Je pouvais avoir cette impression qu’on se moquait de moi méchamment et que si j’essaie d’expliquer pourquoi quand on plaisante sur moi, ce n’est pas justifié, alors je passerai pour un couillon. Ce qui est sûrement un peu vrai car souvent si on m’envoyait des piques c’était pour plaisanter, pour taquiner mais pas pour être méchant, étant un peu autiste, je comprenais pas bien, je sentais que ce que je sentais clochait.
J’avais aussi des comportements un peu particulier comme le fait de me bloquer sur des objets, les manipuler longument, obsessionnellement, pour me rassurer, ou dans les jeux vidéos d’explorations, j’avais l’habitude de regarder les détails, les petits objets que je trouvais très bien fait, et je perdais un sacré temps là dessus comparé au joueur normal.
Ma voix était monotone, sans intonation, bien que j’avais vraiment l’impression de mettre des intonations, si j’écoutais un enregistrement de ma voix, non il n’y avait pas d’intonation ! 🙁
Comme décrit sur les BD de la page wikipédia: Autisme Aspergerje faisais pas mal de grosses maladresses en parlant aux autres.
C’est beaucoup parti suite à l’introduction du bactrim, je pense que le bactrim a vraiment aidé car suite au bactrim je suis passé de 7.5mg d’abilify à 5mg, tandis que beaucoup de choses se sont améliorées, et que ça faisait des années que j’étais à 7.5mg d’abilify. Je ne sais pas si cela marcherait chez les autres mais c’est une piste importante à essayer.
(Le bactrim est un antibiotique qui peut se prendre au long cours, qui lutte contre un parasite du cerveau: la toxoplasmose présente chez moi et chez 70% des personnes ayant une schizophrénie, tandis que seul 50% des personnes sans schizophrénie l’ont. Ce parasite est suspecté de jouer un rôle dans la schizophrénie)