J’avais l’impression, si j’étais dans une situation un peu fantasmatique avec mes parents, à être heureux et souriant, que je devais, à la manière des gens à la télé dans les séries, être capable de partager des anecdotes sur qui j’étais amoureux ou sur d’autres, alors que ça me gênait terriblement en réalité de parler de ça. C’était une espèce de torture, une forme d’obligation, un peu comme un viol de l’esprit, ou je sentais que la situation m’obligeait à partager mes fantasmes avec mes parents, que ce n’était pas normal de ne pas les partager. Pour moi être amoureux d’une fille et vouloir sortir avec elle était déjà un fantasme inavouable et ridicule. Au final je ne parlais jamais de ça avec mes parents et tant mieux, je n’étais pas près à ça au fond.
Je n’aimais pas partager mon vécu avec les médecins ou m’a famille, si on m’y forçait je me sentais extrêmement dérangé.
Je pense qu’on peut retrouver cela chez des patients au début de la schizophrénie sans traitement ou quand le traitement commence à faire effet, au moment où la famille pose la question de ce que la personne atteinte de schizophrénie ressent. La personne détournera le sujet ne répondant pas, très géné, comme ayant une espèce de sensation viol de l’esprit d’aborder des sujets qu’elle ressent comme très personnels, très dérangeants, très honteux de son point de vue (je me souviens que c’est un peu comme si j’avais extremement honte du contenu de mes pensées et que si on me forçait à les décrire, plutôt que de m’apaiser en me rendant compte que mes pensées ne sont pas si grave, ça m’aurait encore plus donné honte, avec l’impression que les autres me regardent en me jugeant du genre : « tu ne dois pas penser comme ça », un peu comme si on devait lui faire accepter qu’elle avait tort de penser ainsi), peut être les amis et non la famille (dont on a mécaniquement plus de pudeur envers la famille) pourrait plus facilement aborder le sujet. J’ai des souvenir très lointains de ces gènes très profondes d’aborder des sujets, je ne me souviens plus très bien, je me dis que c’est un peu comme si on a terriblement peur d’avouer qu’on est puceau, on s’imaginant que si on l’avoue tout le monde va nous tomber dessus et nous faire la morale, et qu’on culpabilisera et qu’on osera pas répondre ou rejeter ces demandes, cette pudeur d’avouer son ressenti est très similaire à cela, c’est embêtant pour la famille du patient qui aimerait bien aider le patient en le comprenant, mais il faut savoir qu’aborder ces sujets peut déranger terriblement.