Je croyais que ce que j’avais ressenti à l’époque était une forme d’érotomanie, il semblerait bien que non:
Définition de l’Érotomanie:
L’érotomanie, ou syndrome de Clérambault, est la conviction délirante d’être aimé. Loin de l’obsession d’un amour non partagé, c’est une forme de psychose paranoïaque de la catégorie des délires passionnels, où la haine de l’autre est, par un renversement des positions subjectives, déguisée en « conviction illusoire d’être aimé ». De la même manière que dans le délire de persécution l’individu est persuadé d’être l’objet de malveillances imaginaires, l’érotomane est persuadé d’être l’objet d’une bienveillance amoureuse, tout autant délirante, de la part d’autrui. (Wikipédia)
Je n’avais pas l’impression d’être aimé par cette fille, mais j’étais attiré jusqu’à l’obsession, je ne sais pas si ce que j’ai vécu porte un nom.
J’étais tombé amoureux d’une fille qui habitait loin, qui était dans la ville d’à côté, là où quand j’étais petit, c’était le bout du monde, le fait qu’elle habitait cette ville me donnait l’impression que c’était une fille lointaine, un peu froide, mystérieuse et attirante, un peu comme quand on envie enfant ceux qui prennent des risques pour faire des bêtises assez osées, alors que soit même, ça nous ferait très peur et ça nous dérangerait de les faire. Par certains points, je sentais qu’elle était comme moi, sur le fait d’être gentille et tolérante. Du coup elle me donnait l’impression qu’elle arrivait à surmonter les choses inquiétantes parce qu’elle habitait loin, dans cet environnement inquiétant pour moi, plus sauvage. Ça me donnait l’impression qu’elle faisait parti de ces gens qui arrivaient, sans sembler se forcer à être forte dans les situations où j’étais profondément inquiet, et ça, ça m’inquiétait et en même ça m’attirait. Pourtant elle semblait être comme moi, elle était à la fois familière et extraterrestre (car elle réussissait à surmonter ce genre de peur), j’étais en admiration dans mon esprit bien que j’essayais de ne pas le montrer.
… avant qu’elle quitte le lycée pour faire des cours au CNAM à distance. Pour moi qui me sentait totalement extraterrestre par rapport aux autres, complètement pas normal, le fait qu’elle ait ce même symptôme que moi me donnait l’impression qu’elle était comme moi, ça créait un côté rassurant, je crois qu’elle a quitté le lycée car ces déréalisations lui devenaient insupportables, comme pour moi. Elle avait eu cette chance de quitter ces choses qui la faisait souffrir, c’est peut être ça qui l’avait sauvé et qu’elle avait guéri contrairement à moi dont ma vie était foutue. Ça me faisait mal de me dire cela. J’aurais donc dû lutter contre moi, et dire à mes parents que je ne tenais plus et que je voulais arrêter le lycée pour le faire au CNAM, alors que ça m’aurait extrêmement dérangé de faire cela par pudeur de ne pas vouloir montrer que j’étais fou à mes parents étant donné que je ressentais mon mal être comme dérangeant, honteux. Je culpabilisais donc de ne pas avoir fait cela, alors que ça m’aurait profondément dérangé de le faire, mais peut être aussi un assez aidé car il est vrai que je vivais très très mal le lycée, avec la peur du jugements des gens, le stress intense de me faire fâcher par les profs comme je faisais que rarement mes devoirs, le stress de me lever tôt.
J’étais dans le délire fou que si je sortais avec elle comme on était pareil et que je lui aurais raconté ma vie, ça aurait pu me sauver… En même temps je sentais bien que c’était une croyance folle d’espérer cela, mais j’étais désespéré.
La peur extrême de voir, de m’imaginer, la fille dont j’étais amoureux et qui semblait, dans mon esprit avoir les mêmes fragilités que moi, et peut être bien être la seule sur terre à être comme moi, être à l’aise dans les situations où j’étais terrorisé me créait une espèce d’effroi. Ca me faisait dire que j’étais perdu à jamais, le seul sur terre à être ainsi et que cette fille a pu réchappé de justesse mais pas moi. Par exemple avoir un travail, faire l’amour, ou m’imaginer que dans son internat elle fasse des partouzes! ça me faisait mal, j’avais l’impression d’être le dernier idiot fragile psychiquement et ridicule sur terre, qu’il n’était pas normal d’être si inquiet et que ça avait été idiot de m’imaginer qu’elle pouvait être comme moi. Je me sentais complètement largué, dépassé. Moi j’avais peur de finir dans un hôpital psychiatrique rongé par la terreur constante, pas les autres. J’étais le dernier mec idiot à avoir des pensées folles sans sens.
Je me demandais: est ce de la jalousie normale? est ce que les autres ressentent cela quand ils sont jaloux? Je me disais que certainement non et que c’était une raison de plus pour penser que je suis grave.
Je me voyais, comme d’habitude, responsable de cette folie en moi, et je devais m’efforcer de l’empêcher, j’imaginais que les autres m’en auraient voulu, m’aurait trouvé nul, si ils voyaient toute cette folie en moi, je me rejetais, j’étais en désaccord avec moi même, je devais changer intérieurement.
Je culpabilisais en continue, pas un moment de répits pour me dire que dans cette histoire, au fond, j’étais la victime, la victime de ma maladie psychiatrique et avoir un peu de tristesse de cela. Même la pitié envers moi disparaissait petit à petit vers l’effroi et ça m’inquiétait de me voir disparaître.
Je déshumanisais ces gens que je ressentais pas comme moi, ils n’avaient pas la même valeur, pas vraiment d’importance, même si je ne voulais pas leur faire du mal. Ils n’avaient pas toutes mes connaissances de ce qui est juste, qu’il faut être tolérant, que c’est important d’être tolérant, qu’on doit trouver toujours un moyen d’entente entre les gens, et ça, ça leur donnait moins de valeur à mes yeux, puis comme il n’était pas vraiment comme moi, je ne cherchais pas à comprendre ce qu’ils ressentaient comme je le faisais avec cette fille etc..
Je pensais à elle et à son regard jugeant sur moi, j’avais peur qu’elle me juge comme une personne différente qu’elle aurait alors pu mépriser car je faisais parti des gens non tolérant, ceux qui n’aimaient pas les enfants, qui pouvaient être racistes, ceux qui veulent faire des métiers banaux et non médecine ou infirmier (elle voulait faire infirmière) car dans mon esprit c’était les seuls métiers valables pour vraiment faire le bien, en effet tout les métiers scientifiques, je me disais, risque de mener à la fin du monde à cause, un jour, de la puissance de la science.
J’avais terriblement peur de passer dans son esprit pour un connard, c’est une des raisons avec la peur du danger des autres disciplines scientifiques sur le long terme qui m’ont poussé à faire médecine, une raison folle qui créera un malaise par la suite.
Je me faisais des films en boucle où je me disais que si je la voyais et si j’essayais de la persuader que j’étais pas un connard, alors qu’il n’y a quelque part pas de raison qu’elle pense ça, alors elle me prendrait pour un fou de vouloir la persuader de cela et que moi j’ai cette crainte sans arrêt, alors je ne supportais pas ce que je m’imaginais de son jugement qu’elle me prenne pour un fou, que je ne supporte pas ça et que du coup j’essaie de la persuader que je ne suis pas un fou dangereux et ainsi de suite.
Bien que les quelques fois où je l’ai vu, elle paraissait gentille, je redoutais son jugement il m’obsédait totalement, comme si il était méchant et que je n’avais pas le droit de me dire qu’elle aille se faire cuire un œuf.
Je n’aurais pas été méchant en pratique. J’avais peur de faire parti de ces fous érotomane qui apparemment finissent par tuer leur amoureuses comme je l’ai entendu une fois durant mes cours de médecines, dans mon esprit les érotomanes étaient vus comme des malades qui finissent par se tuer ou par tuer leur amoureuse. J’avais des phobies d’impulsion et c’était un argument de plus dans mon esprit pour avoir peur qu’un jour je devienne fou et je la tue. J’aurais jamais tué cette fille, mais c’est sûr, sans traitement, la peur de son jugement négatif sur moi m’aurait obsédé à l’infini.