Me rendre compte que j’avais ces idées pas normales en tête étaient la preuve pour moi, que j’étais quelqu’un de profondément grave et pas normal et que je ne méritais pas d’être l’égal des autres, que mes idées étaient nulles, que j’étais nul.
… car c’est nul de ne pas avoir confiance en soit même, mais je trouvais ça impensable qu’un jour j’ai réellement confiance en moi même. Je m’imaginais que si je racontais mes pensés, j’aurais honte de celles-ci, à tel point que si j’avais été contraint d’une manière ou d’une autre de les raconter, je n’aurais pas pu et j’aurais rougi. Je sentais que je n’avais pas le droit d’affirmer mes idées car c’était idiot et nul ce que je pouvais dire ou penser. En parallèle j’avais l’envie intense de faire des projets mégalo et d’affirmer mes idées, mais je ne pouvais le faire bloqué par ce ressenti, c’était frustrant et désespérant, mais j’avais l’espoir qu’un jour ça s’arrange, que je trouve la solution, tout au fond d’un très profond mal être et d’angoisses continue.
J’avais aussi peur d’aborder le sujet de la dépression, car j’avais entendu l’histoire de cette grande tante dépressive qui a raté sa vie, ce genre d’histoire me faisait particulièrement peur et c’est pourquoi j’essayais de m’imaginer que je n’étais pas dépressif, pas schizophrène, l’idée d’être torturé mentalement à vie par ma maladie me créait de l’effroi du coup je tordais un peu la réalité pour me dire que la dépression, c’était pas mes symptômes (ce qui parfois l’était lors des périodes de crises).
la peur d’être dévoilé
…par exemple chaque fois que dans une conversation on parlait de schizophrénie (car j’avais compris qu’il y avait des chances que je sois schizophrène), je me sentais visé et avais peur d’être dévoilé, que j’en étais sur le point. Mon cœur battait vite, je me sentais piégé, car je m’imaginais qu’une personne dans la conversation allait me poser une question me mettant en défaut, et qui révélerait un secret sur mes pensées malsaines ou montrant que j’étais malade, et que je ne saurais répondre, tétanisé par la honte. Parce que j’étais intimement persuadé que ça allait arriver, ça me gênait de fou, ces impressions, je savais qu’elles étaient anormales, mais je n’avais pas moyen de les empêcher, je me disais qu’elles étaient la preuve que j’étais malade, et c’était une raison intimement, dans mon ressenti, d’avoir plus honte encore de moi même, c’était un cercle vicieux.
Un peu comme si c’était extrêmement grave, extrêmement choquant, extrêmement pas normal que quelqu’un ait ces idées.