C’est vrai que je focalise parfois mes idées sur les médecins, dans ce document vous le verrez, rassurez vous, je ne suis pas complètement dingue non plus :). Il y a plusieurs choses à dire à propos de ça.
Ça me vient sûrement en partie de ma maladie qui fait que je m’inquiète trop pour ça, que je suis trop susceptible et que ça me dérange de ne pas être pris au sérieux quand je raconte un symptôme étrange à un médecin, que je sois pris pour un fou dangereux, ou qu’on ne prenne pas en compte un symptôme qui est important.
Aussi car ayant été étudiant en médecine j’ai vu quelques collègues avoir une peur des patients schizophrènes presque insensée, soit, même les prenant pour des sales mabouls dangereux, bien que prendre les schizophrènes pour des sales types était peu répandu chez les médecins, par contre avoir peur des schizophrènes, chez mes connaissances, était assez fréquent et ça je pense que c’est dû aux mauvaises explications qu’on leur a donné sur la schizophrénie et les gens ayant des problèmes psychiatrique en général durant leur étude.
Mais voilà, du coup quand je rencontre un médecin à qui j’apprends que je suis schizophrène, si le contact se passe mal juste après, je suis amené à me poser la question: « est-il en train de me prendre pour un fou dangereux qui va inventer des symptômes dans sa tête » car j’ai déjà vu ça parfois dans le milieu médical, et c’est pénible d’avoir cette impression que plus on lui raconte ses symptômes, moins il nous croit, ce n’est pas le cas avec tout les médecins, et ceux avec qui j’ai cette impression, je ne suis pas sûr que ce soit totalement vrai, mais parfois le contact est tendu.
Cette impression de ne pas être cru, est, il faut l’avouer, aussi un peu trop présente chez moi car je suis trop inquiet à cause de ma maladie, très certainement.
Face au médecin, l’idée que quand je raconte un symptôme bizarre ils me croient pas et me prennent pour un dingue, ça m’inquiète et m’énerve un peu parce que ça veut dire qu’ils me croient pas et qu’ils me croiront pour rien, que j’aurai beau voir d’autres médecins, ça n’aidera pas, c’est la porte ouverte à toutes les inquiétudes que je ne pourrais être bien soigné.
Si jamais ce genre d’impression est présente trop souvent chez moi, que ça devient lourd et inquiétant pour moi, je vais finir par augmenter un peu le traitement.
Ce soir où je retouche ce texte, je me sens serein et je me rend compte que classiquement je culpabilise d’avoir l’impression de ne pas être cru par le médecin, car c’est ça qui crée cette tension avec le médecin, et que du coup, je me dis que je suis responsable de ça, que c’est parce que je suis fou que le contact se passe mal et le médecin ressortira de la consultation avec une mauvaise impression sur moi. Ce soir où je complète un peu ce texte, je me dit que ça me fait chier de tout le temps culpabiliser de tout 🙁 Que j’aimerai bien que mon cerveau me lâche un peu les baskets sur ce sujet 🙂
Il faut reconnaître qu’il y a parfois un peu de vrai dans cette impression, en effet, d’après le ressenti de pas mal de mes amis avec leur médecin, ils témoignent parfois de cela, que parfois le médecin a l’air de penser que leurs symptômes sont dans leurs têtes. Il y a aussi le fait que les amis médecins que je côtoie toujours aujourd’hui sont un peu comme ça, et quand je les rencontre, ça me donne l’impression qu’ils sont tous ainsi, désolé les amis, mais c’est ainsi. Il faut aussi reconnaître que pas mal de médecins sont plus malins que ça, et bien qu’ils ne soient pas sûrs que les anecdotes étranges que je raconte sur ma santé soient réelles, ils les prennent quand même en compte au cas où ce serait réel, c’est le bon comportement à avoir quand on est médecin.
Les médecins qui ont peur que je diminue le traitement qui me signalent: « attention, ça faut pas le diminuer un peu » avec un air paniqué comme s’ils étaient persuadés que j’allais le faire, comme si quand je diminue le traitement j’allais basculer dans un monde sans logiques où je ne comprends pas qu’il faut que je prenne le traitement, cela est aussi un truc un peu pénible (j’ai vraiment l’impression que mon ancienne généraliste était ainsi). Comme si la soit disant anosognosie de la schizophrénie allait me faire arrêter tout traitement du jour au lendemain alors que le traitement soulage mes inquiétudes, mon profond mal être et ma parano dont je peux avoir peur qu’elle me pousse à faire des choses bêtes ou à m’énerver trop dans des situations inappropriées, non, moi je n’arrêterai pas définitivement mon traitement, il me semble que c’est la cas de la grande majorité des schizophrènes.
Cependant je rajoute une précision importante, une personne atteinte de schizophrénie m’a dit qu’il était persuadé de la véracité de son délire lors de ses premières crises, je ne saurai pas vous dire quelle proportion des personnes schizophrènes a conscience ou non de ses délires et surtout veulent ne plus les avoir, je sais qu’il existe un continuum dans la schizophrène entre ces deux extrêmes, et je crois qu’au début de la schizophrénie, il est fréquent d’adhérer au délire.
Comme je l’ai déjà dis dans un précédent chapitre, la psychose n’est pas quelque chose de complètement anormale où la logique aurait disparu, même si les idées qu’ils se font sont parfois très décalé de ce qui se voit habituellement et que l’intensité de l’intuition dans le délire peut rendre très sur les nerfs et très difficile à persuader.